Ouverte le 23 mars dernier, au Banyan, l’exposition collective “Antres Sauvages” réunit des oeuvres des illustratrices Sara Quod, Natacha Eloy et Edwina Leclerc jusqu’au 1er juin 2024. “Antres Sauvages” est réalisée en partenariat avec Le Cri du Margouillat, une revue de bande dessinée publié dans l’île depuis 1986.

DE LA PAGE AU MUR : UN AUTRE REGARD SUR LA BANDE DESSINÉE LOCALE

Inaugurée avec des records de fréquentation lors d’un temps fort dédié à la bande dessinée qui incluait également des concerts dessinés de rock indépendant, “Antres Sauvages” met en lumière l’art souvent dévalorisé qu’est la bande dessinée.

S’il s’est aujourd’hui introduit dans des galeries, salles d’exposition ou écoles d’art, ce médium n’est, par nature, pas amené à être exposé. Réaliser cette exposition relève donc un défi, celui de quitter la linéarité narrative de l’album de bande dessinée pour déployer ces pratiques au sein d’un espace d’exposition et ainsi faire dialoguer les œuvres et extraits de création différemment.

“Antres Sauvages” redonne de la liberté à l’illustration de bande dessinée en la faisant sortir de son cadre habituel et montre que, même si cet art est plus accepté de nos jours, il n’a pas pour autant à devenir galvaudé et lisse. En confiant les murs du Banyan à Sara Quod, Natacha Eloy et Edwina Leclerc, 3 autrices issues de la nouvelle génération de contributeurs au Cri du Margouillat, la Cité des Arts et Le Cri du Margouillat illustrent non seulement la vivacité du microcosme de la bande dessinée locale mais aussi sa féminisation.

Comme le dit Appollo, rédacteur en chef du Cri du Margouillat, l’exposition rassemble “trois filles, trois tantines, trois autrices qui viennent de la BD réunionnaise, du Cri du Margouillat, trois jeunes femmes modernes, dont les images sont fondamentalement libres et qui disent le monde, ses rêves et ses cauchemars, avec élégance et irrévérence. Trois univers, trois dessins, trois imaginaires qui se retrouvent à dialoguer, à tisser des liens graphiques, à construire une cachette, un lieu secret, que l’on parcourt comme si nous étions entre initiés, entre explorateurs. Entre sauvages.”

Une rencontre publique est organisée avec Natacha Eloy, Edwina Leclerc et Sara Quod le samedi 4 mai 2024 de 10h à 12h afin de permettre une rencontre privilégiée entre les autrices et les visiteurs de l’exposition.

UNE SCÉNOGRAPHIE PROPICE À L’ÉCHANGE OÙ CHACUNE A SON ANTRE

Afin de mettre à l’honneur les univers des 3 autrices dans tout ce qui les rassemble autant que dans ce qui les singularise, la scénographie a été conçue pour placer le public et la rencontre au cœur de l’exposition.  Ainsi, une fresque collaborative et un espace d’échange et d’ateliers autour d’une grande table en bois de tamarin servent de poumon pour permettre à chacune des artistes de s’exprimer au sein d’un espace distinct, l’antre.

Le visiteur pénètre alors dans des lieux d’exposition intimistes, infusés de leurs personnalités et esthétiques propres.

Dans la grotte de Natacha Eloy, entre totems inspirés par des lieux emblématiques de La Réunion (Piton Tortue, forêt de Bélouve, Trou de Fer…), interprétations mythologiques du continent perdu de La Lémurie, du Minotaure ou du kitsuné japonais et une animation interactive en lien avec sa bande dessinée “Fleur bleue”, une atmosphère à la fois fascinante et dangereuse se dessine. L’espace enfantin et coloré d’Edwina Leclerc dévoile en avant-première l’univers fabuleux où évolue Magma, le personnage d’un album jeune public à paraître en décembre prochain, en contraste avec les thématiques plus profondes et personnelles abordées sur les planches de sa bande dessinée “Les bouffées délirantes” et celles des illustrations d’un poème de Léon Dierx, “Ce soir”.

L’antre de Sara Quod, qui a réalisé l’affiche du dernier Rock à La Buse, conjugue trait faussement naïf, nature et thèmes de société qui reflètent ses valeurs : féminisme, écologie, errance animale à La Réunion.

3 ILLUSTRATRICES, 3 PARCOURS

SARA QUOD

Illustratrice et autrice de bande dessinée, Sara est née et a grandi à La Réunion. Elle suit un cursus en arts appliqués au lycée Ambroise Vollard, à Saint-Pierre, puis s’envole de l’autre côté de la mer pour quelques années à Lyon afin d’étudier le dessin. Elle se lance alors dans l’illustration jeunesse, la presse et la bande dessinée. Elle s’infiltre doucement - mais sûrement - dans la BD de reportage qu’elle affectionne tout particulièrement, fait des rencontres incroyables et participe à des projets qui donnent du sens à son métier. Ce en quoi elle croit rencontre son dessin, ses idéaux fusionnent avec les sujets qu’elle illustre. Militante écoféministe, défenseuse de la multiculturalité, justicière des injustices et ramasseuse de petits chiens et chats à la rue, tout se recroise, dessin et activisme sont indissociables. Elle adore aussi les histoires qui racontent dans la plus grande simplicité la vie des gens, les relations, leurs appréhensions et questionnements sans fin. Seulement, selon elle, les humains sont bien trop compliqués (à commencer par elle-même).

EDWINA LECLERC

Née à Bourg-en-Bresse, Edwina étudie l’Illustration à l’école Pivaut puis s’installe à La Réunion avec son compagnon réunionnais. Elle fait alors la connaissance du Cri du Margouillat, revue BD qui lui donne l’occasion de tester différentes techniques et styles graphiques. C’est aussi là qu’elle découvre le Rock à La Buse et le plaisir des concerts dessinés. Edwina développe un univers ludique, chatoyant, doux et joyeux qui fait merveille lors de sa longue collaboration avec les studios Twelve Solutions, pour lesquels elle réalise plusieurs séries d’illustrations destinées à des applications pour les musées. Une approche jeunesse féconde qui donnera naissance en 2021 à son premier ouvrage : “Une petite île” avec l’auteur Issa Boun paru aux éditions Centre du Monde. En 2023, elle travaille en compositing pour le Studio 2 Minutes Réunion sur la série animée “Zoé et Milo” et se forme au monde de l’animation. Sélectionnée lors du concours de l’Agence Film Réunion, Ecrit’court, elle travaille actuellement à l’adaptation en court métrage de “Une petite île”.

NATACHA ELOY

Artiste réunionnaise issue à la fois des arts appliqués et de la mode, c’est en exploratrice du mélange des genres que Natacha travaille pour différents créateurs, dont Kenzo. En 2017, elle rejoint Le Cri du Margouillat où elle s’affranchit des codes en bande dessinée, ciselant, hors cadre, une expression dense et voluptueuse dans laquelle texte et image s’entremêlent pour composer un imaginaire audacieux, libre et sensoriel. Autrice et dessinatrice portée par la nature abondante et les mythologies de son île, elle inventorie des terres lémuriennes inexplorées, se fait l’interprète des paréidolies chères à Jules Hermann et publie sa première bande dessinée “Voyages en Lémurie”, ouvrage double aux éditions Centre du Monde en 2021. Depuis, elle multiplie ses collaborations artistiques et contribue à la valorisation de la bande dessinée réunionnaise. Elle participe notamment, en 2023, à l’exposition 175 ans de BD à La Réunion en tant que co-commissaire à la Cité Internationale de la Bande dessinée durant le festival d’Angoulême, ainsi qu’à l’exposition Astèr Aterla organisée par le Frac, le Centre de Création Contemporaine Olivier Debré (Tours) et le festival À Tours de bulles.

INFOS PRATIQUES :

Exposition

> Date : Exposition jusqu’au 1er juin 2024, du lundi au samedi de 10h à 18h
> Âge : Tout public
> Accès : Gratuit
> Informations et réservations : 02 62 92 09 90 ou billetterie@citedesarts.re

Rencontre publique

> Date : Samedi 4 mai 2024 de 10h à 12h
> Âge : Tout public
> Accès : Gratuit