Six pays dont la France ont appelé jeudi à un "dialogue constructif" après une semaine de contestation du pouvoir dans la rue à Madagascar, au moment où les Malgaches attendent la nomination d'un nouveau Premier ministre. L'île est le théâtre depuis le 25 septembre de manifestations qui réclament désormais le départ du président Andry Rajoelina, après avoir débuté comme l'expression d'un ras-le-bol contre les coupures incessantes d'eau et d'électricité.
"Nous appelons toutes les parties prenantes à s'engager dans un dialogue constructif afin de surmonter la situation actuelle de manière pacifique", ont déclaré jeudi dans un communiqué commun les ambassades d'Allemagne, de Corée, de France, du Japon, du Royaume-Uni et de Suisse ainsi que la délégation de l'Union européenne à Madagascar. Pour la première fois depuis dimanche, le mouvement Gen Z, à l'origine de la contestation, n'a pas appelé à manifester jeudi à Antananarivo, évoquant un "retrait stratégique" pour "préserver la santé et l'énergie de chacun" sans écarter la "poursuite des mobilisations dans les autres régions".
La répression des manifestations ainsi que les violences ayant éclaté lors de pillages généralisés "perpétrés par des individus et des gangs sans lien avec les manifestants", selon l'ONU, avait fait au moins 22 morts et des centaines de blessés. Les délégations étrangères appellent également dans leur texte "toutes les parties prenantes à faire preuve de retenue et de rejeter toute forme de violence". Elles réaffirment aussi leur "attachement à l'État de droit et aux droits universels que sont la liberté d'expression et de réunion pacifique".
Elles ajoutent : "Nous encourageons un processus inclusif et respectueux qui permette à la population malgache de trouver une issue pacifique et durable à la crise actuelle." Le président Rajoelina a reçu au palais présidentiel des représentants de la communauté internationale mercredi soir, avait indiqué sa porte-parole. Le chef de l'État avait annoncé lundi le renvoi du gouvernement pour tenter de calmer sans succès les manifestations qui ont continué à réunir des milliers de personnes dans les grandes villes du pays.
"Durant les trois prochains jours, nous allons recevoir les propositions de noms de Premier ministre", avait déclaré lundi le président Rajoelina, installé une première fois au pouvoir par les militaires en 2009 à la suite d'un soulèvement populaire. Plusieurs syndicats, dont celui de la société nationale de distribution d'eau et d'électricité, ont appelé à la grève générale et l'opposition, dans une rare prise de position commune, a elle aussi demandé le départ de l'ancien maire d'Antananarivo et magnat des médias, Andry Rajoelina, 51 ans.
Président de transition entre 2009 et 2014, il avait fini par se mettre en retrait avant de se faire élire en 2018 puis réélire en 2023 lors d'un scrutin boycotté par l'opposition et auquel moins de la moitié des électeurs inscrits avaient participé. Malgré ses immenses ressources naturelles, Madagascar, ancienne colonie française devenue indépendante en 1960, figure encore parmi les pays les plus démunis au monde.
En 2022, près de 75 % de sa population vivait sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale. La corruption y prolifère aussi selon l'indice de l'organisation Transparency International qui place le pays au 140e rang sur 180.
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