Les Bourses européennes sont attendues en légère baisse à l’ouverture vendredi, sonnées après le séisme provoqué par les annonces de Donald Trump d’imposer des droits de douane massifs sur les importations aux États-Unis, qui rebattent les cartes du commerce mondial.
« Les dernières 24 heures ont été véritablement historiques pour les marchés, l’impact des tarifs douaniers réciproques des États-Unis s’étant répercuté sur différentes classes d’actifs, sans aucun signe d’accalmie au cours de la nuit », a souligné Jim Reid, économiste de Deutsche Bank. Vendredi matin, le contrat à terme du CAC 40, principal indice de la Bourse de Paris, cédait 0,33 % une quarantaine de minutes avant l’ouverture du marché. Le Dax à Francfort reculait de 0,19 %. La veille, Paris a chuté de 3,31 %, son plus fort recul quotidien depuis la séance du 15 mars 2023. Francfort a perdu 3,01 %, Milan 3,60 % et Londres 1,55 %.
« Le 2 avril restera comme un tournant dans l’histoire du commerce mondial. Les annonces de Donald Trump ont déclenché une onde de choc : marchés en tension, inflation relancée, partenaires commerciaux sur la défensive », a renchéri John Plassard, spécialiste de l’investissement pour Mirabaud. Ces annonces ont provoqué un « bain de sang sur Wall Street » la veille, la place boursière américaine ayant signé sa « plus mauvaise séance depuis cinq ans », soit au début de la pandémie de Covid-19.
À New York jeudi, le Dow Jones a chuté de 3,98 %, le Nasdaq a plongé de 5,97 % et l’indice élargi S&P 500 de 4,84 %.
Craintes de récession
Les nouvelles taxes prévues sur les produits importés aux États-Unis vont d’un plancher de 10 % pour tous à 54 % en cumulé pour ceux en provenance de Chine. Les marchandises de l’Union européenne feront, elles, l’objet d’une taxe à l’importation de 20 %. Certains territoires français d’outre-mer sont même visés par des droits de douane additionnels plus élevés : 37 % pour La Réunion et 50 % pour Saint-Pierre-et-Miquelon. Selon les calculs d’Adam Turnquist, analyste pour LPL Financial, les annonces de Donald Trump impliquent que le taux moyen de taxe sur les produits importés va passer à « près de 20 % (voire plus) », contre 2,3 % en 2024.
C’est un niveau inédit selon lui depuis les années 1930, à une époque où les échanges internationaux étaient évidemment bien plus modestes. C’était « l’une des causes de la Grande Dépression », a-t-il pointé dans une note. Les droits de douane sont réglés sur le sol américain, par les importateurs, et généralement répercutés sur les acheteurs. Les entreprises ne peuvent pas revoir leur modèle de production du jour au lendemain et vont encaisser des surcoûts.
« Le risque d’un coup dur pour les chaînes d’approvisionnement mondiales nécessitera une très forte réorganisation qui pourrait prendre des mois, voire des années. Il n’est donc pas insensé d’établir des parallèles avec les perturbations de l’approvisionnement liées à la pandémie pour prévoir ce qui pourrait se passer ensuite », estime Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank.
« Et si nous faisons cela, la réponse est claire : le bond de l’inflation que nous sommes sur le point de voir pourrait être » plus durable qu’une simple phase « transitoire », comme l’avait mentionné Donald Trump il y a plusieurs semaines, a poursuivi Mme Ozkardeskaya. « Les risques de récession augmenteront probablement de manière significative si ces droits de douane sont maintenus », estiment les économistes de Deutsche Bank.
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