Droits de douane : vives réactions en France et dans l'outre-mer face à la décision de Trump

  • Droits de douane : le député de Saint-Pierre-et-Miquelon pointe "l’incompétence de l’administration américaine"

La décision de Donald Trump d’imposer des droits de douane de 50 % sur les produits importés aux États-Unis depuis Saint-Pierre-et-Miquelon traduit « l’incompétence de l’administration américaine », a réagi jeudi l’unique député du petit archipel français dans l’Atlantique nord. Situé face au Canada, le territoire de Saint-Pierre-et-Miquelon est durement touché par la décision américaine puisqu’il verra ses produits taxés trente points au-dessus de l’Union européenne et de la France métropolitaine, qui se voient infliger un taux de 20 %.

« Je ne sais pas d’où sortent ces chiffres » de 50 %, a réagi le député Liot Stéphane Lenormand, en référence au tableau produit par la Maison Blanche qui récapitule les nouvelles surtaxes douanières américaines. « On est un petit marché d’un peu plus de 6.000 habitants, je ne pense pas que ce soit nous qui soyons à l’origine du déséquilibre de la balance du commerce extérieur américain », a-t-il ironisé.

Selon l’Iedom, l’organe de la Banque de France dans les outre-mer, l’économie de l’archipel se caractérise par la prépondérance des importations et la faiblesse des exportations.
La France et le Canada sont les principaux partenaires de l’archipel mais, en 2023, les exportations enregistrées par les douanes françaises – du flétan principalement – ont été majoritairement tournées vers les États-Unis.

« On peut être impacté sur la pêche puisqu’on peut être amenés à vendre sur le marché américain. Est-ce que ça va être concerné par ce genre de taxes ? Je ne sais pas », s’est-il interrogé en exprimant la « difficulté de voir les conséquences réelles » des droits de douane imposés par le gouvernement américain. L’absence de produits de la pêche déclarés dans les exportations de l’archipel rend difficile l’analyse de la balance mais « les chiffres en présence montrent une stabilité du déficit commercial sur un an, à hauteur de 100,3 millions d’euros », est-il précisé dans le rapport annuel économique de Saint-Pierre-et-Miquelon par l’Iedom.

Selon le député, « Trump pose les bases d’une guerre économique » qui aura des impacts en Europe « mais aussi à Saint-Pierre-et-Miquelon, alors que c’est un des territoires d’outre-mer qui souffre le plus de la vie chère ». Le président américain a lancé mercredi une charge commerciale massive sans imposer les mêmes droits de douane à l’outre-mer qu’au reste des territoires dépendant de l’Union européenne, avec des taux généralement plus avantageux, mais pas pour Saint-Pierre-et-Miquelon ni pour La Réunion.

  • "Il y a toujours un chemin de négociation" avec les États-Unis, selon Laurent Saint-Martin

« Il y a toujours un chemin de discussion et de négociation » avec les États-Unis, a estimé jeudi le ministre du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, espérant des « ajustements dans les 15 prochains jours » dans les droits de douane massifs imposés par Donald Trump. Face à l’offensive protectionniste menée par Washington, « rien n’est définitif », et les 20 % de taxes supplémentaires infligées aux produits de l’Union européenne, « c’est le postulat de base », a indiqué Laurent Saint-Martin.

« Il y a toujours un chemin de discussion et de négociation » avec les autorités américaines, veut encore croire le ministre du Commerce extérieur, pour qui « il va y avoir pas mal d’ajustements dans les 15 prochains jours », alors que l’UE prépare sa riposte. Un premier paquet de contre-mesures doit ainsi arriver au milieu du mois d’avril, en réponse aux taxes déjà décidées sur l’acier et l’aluminium. Une deuxième salve, qu’Emmanuel Macron a qualifiée de « plus massive », est attendue de manière coordonnée au niveau de l’Union européenne d’ici la fin du mois.

Mais Laurent Saint-Martin déplore que l’on soit « retombé dans la loi du plus fort » avec le déclenchement de cette guerre commerciale. « Est-ce que les démocraties libérales, une certaine vision du multilatéralisme, vont survivre au XXIe siècle », s’interroge-t-il. Il plaide dans ce contexte pour « une diplomatie économique très musclée », fondée sur de nombreux déplacements, car « c’est indispensable dans le moment ». « La France est un pays apprécié dans le monde », fait-il valoir, en soulignant l’image positive dont bénéficie selon lui le chef de l’État français.

  • Manuel Valls dénonce un "cumul d’incohérences, d’absurdité et d’incompétence"

La décision de Donald Trump d’imposer aux territoires ultramarins des droits de douane différents de ceux de la France hexagonale sur les produits importés aux États-Unis témoigne d’un « cumul d’incohérences, d’absurdité et d’incompétence », a réagi jeudi le ministre des Outre-mer, Manuel Valls.

« L’intention initiale de taxer différemment les territoires ultramarins est profondément politique. Elle témoigne surtout du cumul d’incohérences, d’absurdité et d’incompétence », a-t-il déclaré. « La baisse des droits de douane est un héritage de la paix. Cette décision rappelle les erreurs des États-Unis dans les années 20 et 30 », a encore ajouté le ministre, en référence aux nouveaux droits de douane annoncés mercredi par le président américain.

Les nouvelles surtaxes douanières américaines soumettent la plupart des départements et territoires ultramarins français à des niveaux de taxation individuels, bien différents des 20 % qui vont s’appliquer à la France hexagonale et à l’Union européenne. Parties intégrantes du territoire douanier de l’UE mais considérées fiscalement comme des territoires tiers, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et Mayotte verront leurs produits imposés à hauteur de 10 % par les autorités américaines. En revanche, La Réunion, qui bénéficie pourtant du même statut légal, verra ses produits taxés à hauteur de 37 %.

Le gouvernement américain prévoit aussi d’imposer des droits de douane de 50 % sur les produits importés depuis l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon mais de 10 % sur ceux arrivant de la Polynésie française, deux territoires qui ne font pas partie de l’Union européenne aux yeux des douanes. Cette annonce a provoqué la perplexité dans les territoires ultramarins, qui commercent pour la plupart très peu avec les États-Unis, et des réactions de colère de plusieurs élus.

La présidente de la région Réunion, Huguette Bello, a ainsi estimé que Donald Trump était « un ignorant » et le député de Saint-Pierre-et-Miquelon, Stéphane Lenormand, a dit ne pas savoir « d’où sortent ces chiffres » et pointé « l’incompétence de l’administration américaine ».

  • Marine Le Pen souhaite un "protectionnisme intelligent" après l’offensive commerciale de Trump

Marine Le Pen a appelé jeudi soir à l’instauration d’un « protectionnisme intelligent » en Europe, après l’annonce de 20 % de droits de douane américains supplémentaires sur tous les produits importés de l’Union européenne.

La présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale a dénoncé sur X des annonces « brutales et au bénéfice des seuls États-Unis » du président Donald Trump, « alors que nous aurions pu construire de nouvelles règles pour le commerce international sans le déni des mondialistes forcenés ».

« Il est temps que la France fasse appliquer par l’Europe un protectionnisme intelligent mais aussi des règles plus équitables pour notre économie au sein du marché commun, au risque d’un appauvrissement considérable », a exhorté celle qui a été trois fois candidate à l’élection présidentielle. Les principaux partenaires commerciaux des États-Unis ont cherché la parade jeudi face au coup de massue infligé par Donald Trump avec les droits de douane, qui a provoqué un vent de panique sur les marchés.

Les marchandises de l’UE vont faire l’objet d’une nouvelle taxe à l’importation de 20 %. Certains territoires français d’outre-mer sont même visés par des droits de douane additionnels plus élevés : 37 % pour La Réunion et 50 % pour Saint-Pierre-et-Miquelon. Lors des élections européennes et législatives en 2024 en France, le RN avait fait du « patriotisme économique » un élément central de son programme.

Lors de l’investiture du président républicain conservateur en janvier, le maire de Perpignan Louis Aliot, qui conduisait à Washington une délégation du parti d’extrême droite, avait relevé « les mêmes thématiques » dans les campagnes trumpistes et lepénistes, comme « une certaine forme de protectionnisme contre la mondialisation anarchique ».

  • Cyrille Melchior alerte sur les conséquences pour les exportateurs réunionnais

Face à la décision des autorités américaines d’imposer de nouveaux droits de douane sur les produits européens, Cyrille Melchior, président du Conseil départemental de La Réunion, exprime sa "vive inquiétude" et dénonce "une menace directe pour les entreprises exportatrices réunionnaises".

"Nos entreprises réunionnaises qui s’ouvrent à l’export, notamment dans les secteurs de la pêche et de l’agroalimentaire, sont directement menacées par ces mesures protectionnistes", alerte le président, qui rappelle l’ampleur des efforts déployés pour accompagner les filières locales à l’international. "À l’heure où nous accompagnons nos entrepreneurs vers de nouveaux marchés, ces barrières douanières risquent de compromettre des années d’efforts et d’investissements."

En tant que région ultrapériphérique intégrée à l’Union européenne, La Réunion est automatiquement concernée par les sanctions tarifaires décidées à l’encontre de l’UE. "Pour les entreprises réunionnaises, ces droits de douane signifient une perte de compétitivité et un frein majeur à leur développement international."

Cyrille Melchior appelle à une réponse ferme de la part de l’État et des institutions européennes pour défendre les intérêts spécifiques des Outre-mer dans le cadre des négociations commerciales mondiales. Il plaide également pour une mobilisation des acteurs économiques locaux afin d’anticiper les effets de ces décisions sur les filières impactées.

"La Réunion doit pouvoir continuer à exporter son savoir-faire, ses produits, son excellence. Ce combat, c’est celui de l’emploi, de l’innovation, de la croissance. Nous ne pouvons pas accepter que nos entreprises soient les victimes collatérales d’un bras de fer commercial qui les dépasse."


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