La gestion des algues sargasses qui s’échouent massivement aux Antilles reste chaotique et mal encadrée, selon la chambre régionale des comptes (CRC) des Antilles-Guyane dans un rapport publié jeudi, qui pointe des lacunes juridiques, financières et organisationnelles. "L’absence de statut juridique de la sargasse" rend "complexe la lutte contre le phénomène", indique l’institution, soulignant que la responsabilité en incombe aux maires, tandis que de nombreux acteurs publics interviennent sans coordination claire sur le littoral.
Toutefois, les communes, souvent en difficulté financière, n’ont pas intégré cet aléa dans leurs documents de gestion des risques. Résultat : elles peinent à faire face lors d’échouages massifs, comme ceux survenus cette année. Selon des scientifiques américains, environ 31 millions de tonnes de sargasses dérivent actuellement dans l’océan Atlantique. Ces algues brunes touchent les Antilles depuis 2011, mais également la Guyane, le golfe du Mexique, l’Afrique de l’Ouest et l’Amérique centrale.
La CRC déplore aussi un manque d'information du public sur les émanations toxiques libérées par les algues en décomposition, aux effets sanitaires documentés. Elle pointe également des défaillances financières dans la gestion du phénomène : "La comptabilisation du coût réel de la gestion des sargasses n’est pas fiable, sauf pour les îles du Nord", Saint-Martin et Saint-Barthélemy, qui disposent de systèmes de contrôle.
Seule Saint-Barthélemy fait figure de bonne élève, ayant "intégré la lutte contre les sargasses dans une vision de long terme du territoire, financée intégralement par la collectivité". Ailleurs, les dépenses sont mal tracées, les équipements parfois "financés à perte" faute d’entretien et de compétences. Certains terrains de stockage ne respectent pas "les normes juridiques, sanitaires et environnementales", souligne le rapport.
La Cour mentionne également des barrages flottants expérimentaux, parfois efficaces mais coûteux à entretenir. La science reste incertaine sur les causes du phénomène, alors que les sargasses, en s’échouant, étouffent la biodiversité et ont des impacts sanitaires, économiques et touristiques.
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