En 2024, 17 personnes au minimum sont décédées dans la rue à La Réunion, selon le Collectif Les Morts de la Rue (Rapport annuel 2025 – Dénombrer & Décrire). Ce chiffre alarmant met en lumière un manque criant de solutions d’hébergement d’urgence sur l’île, où 2 500 ménages n’ont pas pu être pris en charge par le 115, le numéro d’urgence sociale. Parmi eux, plus de 1 000 hommes seuls et 450 femmes seules n’ont trouvé aucune solution d’abri. Une personne sans domicile sur trois serait âgée de plus de 50 ans.
Le témoignage de Gérard, 65 ans, malade et sans abri depuis deux ans, illustre la détresse vécue au quotidien : « Je suis dans la rue, il faut que je change ma poche médicale. Le plus dur c’est ça. […] On est une proie. […] On est là, on attend, on attend quoi ? Je ne sais pas… »
La Fondation dénonce l’absence de moyens suffisants dans les politiques publiques pour répondre à l’urgence sociale. Elle s’oppose également à la mise en place de critères de priorisation locaux qui, selon elle, contreviennent au principe d’accueil inconditionnel inscrit dans le Code de l’action sociale et des familles : « Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence. »
« Dans nos accueils de jour, nous voyons des personnes en situation de lourd handicap, des personnes âgées, mais aussi de plus en plus de jeunes ou des familles avec plusieurs enfants en bas âge, sans même une proposition d’hébergement d’urgence. Et pourtant, les constats sont connus, les solutions pour agir aussi. On ne voit toujours pas d’électrochoc pour faire du logement une priorité à La Réunion. » déplore Matthieu Hoarau, directeur régional de la Fondation.
L’organisation plaide pour une mobilisation rapide de tous les acteurs publics — préfet, Conseil départemental et maires — afin de garantir une mise à l’abri pour tous. Elle recommande notamment de :
« Même dans un contexte budgétaire contraint, nous pouvons encore faire de La Réunion un territoire zéro personne à la rue, à condition que les pouvoirs publics s’en donnent l’ambition et l’exigence dès maintenant. Dans le cas contraire, nous risquons d’assister à des drames humains et de vives tensions sociales. » conclut Matthieu Hoarau.
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