Le mouvement Gen Z, à l’origine de la contestation à Madagascar contre le pouvoir commencée quatorze jours plus tôt, a déclaré mercredi refuser l’invitation du président à une rencontre à 14h00 "tant que la répression continue". Le président Andry Rajoelina, affaibli par la crise, tente depuis plusieurs jours de reprendre la main et a invité les "forces vives de la Nation" à cette rencontre au palais présidentiel, où "il sera possible de (lui) poser directement des questions".
"Nous refusons ce simulacre de dialogue. Nous refusons l’invitation du président à discuter. Nous ne dialoguerons pas avec un pouvoir qui réprime, violente et humilie la jeunesse dans les rues", a répondu le collectif de jeunesse Gen Z dans un communiqué posté sur les réseaux sociaux. Madagascar est le théâtre depuis le 25 septembre d’un mouvement de protestation qui dénonçait au départ les coupures incessantes d’eau et d’électricité et s’est mué depuis en une contestation plus large du pouvoir en place, et notamment d’Andry Rajoelina, 51 ans.
Au moins 22 personnes ont été tuées et plus d’une centaine blessées, selon un bilan établi par l’ONU le 29 septembre. Lundi, une semaine après avoir limogé son gouvernement pour tenter – sans succès – de calmer les protestataires, il a désigné un général de l’armée de terre largement méconnu au poste de Premier ministre, Ruphin Fortunat Dimbisoa Zafisambo. Les trois premiers ministres du nouveau gouvernement ont été nommés mardi : il s’agit des ministres des Armées, de la Sécurité publique et de la Gendarmerie, car le pays "n’a plus besoin de perturbation mais de paix", a souligné le président.
Si la mobilisation populaire a semblé s’essouffler ces derniers jours, des habitants d’Antananarivo et de plusieurs grandes villes de province n’en sont pas moins descendus dans les rues quasi quotidiennement. Mercredi, les forces de l’ordre ont de nouveau fait usage de grenades lacrymogènes pour disperser des manifestants à Antananarivo, faisant plusieurs blessés, selon des journalistes présents sur place. Le collectif en charge du mouvement, qui comprend désormais une vingtaine d’organisations, a donné au président jusqu’à mercredi soir pour accéder à ses revendications.
Parmi les revendications écrites ne figure plus la démission du président Rajoelina. En plus du respect des libertés, le mouvement Gen Z réclame des "excuses publiques du chef de l’État", la "refondation de la Haute Cour constitutionnelle" et la "dissolution totale du Sénat", ou à tout le moins le départ de son président Richard Ravalomanana, ex-général de gendarmerie.
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