Manuel Valls a mis en garde mercredi contre une dissolution de l’Assemblée nationale qui pourrait "hypothéquer l’avenir de la Nouvelle-Calédonie" en remettant en cause l’accord de Bougival signé en juillet, au risque de "replonger dans le chaos et la violence". "Provoquer une dissolution, ce serait d’abord hypothéquer l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, érigée désormais en priorité par le Premier ministre et les présidents des assemblées", écrit le ministre des Outre-mer démissionnaire dans une tribune publiée par Le Figaro.
Évoquant l’importance de l’accord de Bougival signé le 12 juillet entre l’État, les non-indépendantistes et les indépendantistes (le FLNKS s’en est depuis retiré), "porteur de stabilité", Manuel Valls rappelle que le texte doit désormais être traduit juridiquement. "Il faut maintenant que le Parlement se saisisse d’une proposition de loi organique pour reporter les élections provinciales, et d’un projet de loi constitutionnelle. La dissolution empêcherait d’avancer, voire conduirait à remettre en cause l’accord", écrit le ministre.
"Le risque que la Nouvelle-Calédonie replonge dans le chaos et la violence serait alors immense", prévient-il. Sébastien Lecornu a fait de l’avenir de la Nouvelle-Calédonie une des "deux urgences" des négociations du socle commun de la droite et du centre. Priorité qu’il a rappelée mercredi matin dans sa déclaration depuis Matignon, soulignant que "des textes importants sont à prendre dans les jours qui viendront" et exprimant sa "préoccupation majeure" face au blocage parlementaire.
Mardi soir, les deux parlementaires calédoniens indépendantistes, le député Emmanuel Tjibaou et le sénateur Robert Xowie, se sont opposés à cette urgence. "L’avenir de notre pays ne peut être engagé sur la base d’un texte contesté, fondé sur un accord non partagé et juridiquement incertain", ont-ils déclaré dans un communiqué, jugeant "dangereux que la Nouvelle-Calédonie devienne l’otage de calculs politiques ou de décisions hâtives".
Plus largement, Manuel Valls a estimé que la dissolution "empêcherait de mener à terme tous les chantiers engagés pour les 2,8 millions de nos compatriotes ultramarins". Il a cité Mayotte, "frappée de plein fouet par le cyclone Chido", où deux lois ont été adoptées et "près de quatre milliards d’euros de crédits sur six ans" programmés. Sans budget, "la dissolution (...) pourrait empêcher de traduire ces engagements dans les faits", souligne-t-il. Il cite aussi la lutte contre la vie chère et le narcotrafic, "qui gangrène particulièrement les Antilles, la Guyane, mais aussi de plus en plus La Réunion".
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