Le Mémento était présent ce matin au Château Morange, où s’est ouverte la grande journée de célébration des 120 ans de la loi du 9 décembre 1905, un texte fondateur qui garantit la séparation des Églises et de l’État et structure encore aujourd’hui l’identité républicaine française. L’événement, organisé par la Préfecture de La Réunion, a réuni les institutions, les associations, les acteurs culturels et le public autour d’un vaste village laïque, de conférences et d’animations pédagogiques.
L’ouverture officielle a donné le ton : pédagogie, transmission et dialogue, dans un cadre propice à la rencontre. Le programme, riche, mêlait expositions, productions artistiques, tables-rondes, ateliers de sensibilisation, concours d’éloquence et interventions d’experts, conformément à l’annonce officielle du programme de la journée.
Un rappel historique essentiel
À travers une exposition pédagogique, le public a pu revisiter les grandes étapes de la laïcité en France :
- 1792, lorsque la Révolution laïcise l’état civil ;
- 1905, qui consacre la liberté de conscience et la neutralité de l’État ;
- 1946 et 1958, lorsque la laïcité devient constitutionnelle ;
- et même les particularités géographiques où la loi de 1905 ne s’applique pas encore totalement, comme en Alsace-Moselle ou dans certains territoires ultramarins.
Chaque panneau rappelait que la laïcité n’est ni une opinion ni une croyance, mais un principe juridique qui protège toutes les convictions et garantit l’égalité des citoyens.
Le discours du Préfet : vigilance, transmission et cohésion réunionnaise
Au cours de la cérémonie d’ouverture, le Préfet de La Réunion, Patrice Latron, a délivré un discours rappelant le sens profond de cette journée et l’actualité brûlante du sujet. Il a d’abord réaffirmé le caractère fondateur de la loi de 1905 “C’est avec joie que nous sommes réunis aujourd’hui pour célébrer les 120 ans de la loi du 9 décembre 1905, texte fondateur de la laïcité en France, pilier de la République”. Il a également souligné que l’esprit de la loi reste pleinement moderne “Elle continue aujourd’hui de protéger une France diverse, ouverte, qui ne renonce jamais à la liberté”. Le préfet a aussi rappelé que la laïcité s’inscrit dans une longue histoire, bien antérieure à 1905 “La laïcité française ne naît pas en 1905. Elle trouve ses racines dans les guerres de religion, l’Édit de Nantes, la philosophie des Lumières et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen”.
La Réunion, un modèle précieux mais fragile
Patrice Latron a insisté sur la singularité réunionnaise, souvent citée comme exemple national “Nous avons, à La Réunion, une grande force : notre vivre-ensemble. Ici, les cultes cohabitent, se respectent, dialoguent”. Mais il a également mis en garde contre les défis contemporains “Ce modèle reste fragile. Les radicalités qui traversent le monde peuvent essayer de fragiliser la cohésion sociale de notre île”. D’où l’importance de rappeler et de faire vivre les principes républicains dans les services publics, les établissements scolaires, les collectivités, les associations et dans toute la société. Il a salué l’engagement des acteurs locaux “Je tiens à saluer le travail remarquable des référents laïcité et des formateurs ‘valeurs de la République et laïcité’ mobilisés sur tout le territoire”. Le monde associatif a également été honoré “Je tiens à adresser mes remerciements aux acteurs associatifs présents aujourd’hui, qui se mobilisent au quotidien pour la défense et la promotion du principe de laïcité”.
Un message final : la laïcité comme héritage commun
En clôture de son discours, le préfet a rappelé l’importance de maintenir vivant cet héritage partagé “La laïcité est un héritage commun, vivant et fragile. À La Réunion, nous avons toutes les ressources pour en être les meilleurs ambassadeurs”. Et dans une phrase symbolique empruntant au créole réunionnais, il a conclu “La laïcité, nout zarboutan, ensemb nou va maintien à li” — la laïcité est notre socle, et chacun a la responsabilité de la préserver.
Une journée de transmission pour les générations futures
Tables rondes, échanges, ateliers pédagogiques, durant cette journée les intervenants ont rappelé que la laïcité n’est pas seulement un cadre légal, mais aussi une culture commune, garante de liberté, d’égalité et de paix civile. Pour les jeunes notamment, cette fête de la laïcité a été pensée comme un moment de compréhension et d’appropriation.
Memento.fr
0 COMMENTAIRE(S)