La situation de la presse écrite réunionnaise reste préoccupante, malgré les efforts consentis par l’État ces dernières années. La réponse apportée par le ministère de la Culture à une question écrite de la sénatrice Audrey Bélim dresse un tableau incomplet pour ce secteur essentiel à la démocratie locale.
Madame Bélim avait interrogé la ministre de la Culture sur les modalités de soutien à la presse écrite réunionnaise, soulignant l’impact de la liquidation judiciaire du Journal de l’Île de La Réunion (JIR) et la reprise du Quotidien de La Réunion par Média Capital. Selon la sénatrice, ces événements marquent “une fragilisation de l’espace public d’information et de débats au niveau local”, rappelant que “la liberté de la presse et la pluralité des médias sont essentielles pour le bon fonctionnement de la démocratie”.
Le ministère reconnaît que “les deux titres de presse quotidienne de l’Île de La Réunion ont rencontré d’importantes difficultés financières ces dernières années”. Malgré des aides ponctuelles et des dispositifs spécifiques, comme l’aide au pluralisme créée en 2021 et dotée de 2 millions d’euros annuels, les difficultés restent profondes. En 2023, le Quotidien a reçu 590 000 euros, mais le JIR n’a pu en bénéficier faute de régularité administrative. Cette aide s’ajoute à d’autres dispositifs, comme le fonds stratégique pour le développement de la presse, qui finance des investissements à hauteur de 60 % dans les territoires ultra-marins.
Cependant, ces mesures ne suffisent pas à compenser les contraintes structurelles spécifiques à La Réunion. Le ministère souligne notamment “un lectorat réduit en raison d’un pouvoir d’achat contraint et d’un taux d’illettrisme élevé, ainsi que de faibles ressources publicitaires locales”. S’ajoutent à cela “la dégradation de la distribution de la presse”, avec une baisse de 34 % des points de vente entre 2019 et 2023, et “un surcoût du prix du papier lié aux dépenses d’acheminement”.
Le Gouvernement rappelle également que les campagnes nationales d’information ne peuvent être assimilées à un soutien à la presse, car elles répondent à “des objectifs quantifiables et objectivables d’atteinte de différentes cibles”. Toutefois, lors de son déplacement à La Réunion en novembre 2023, la ministre avait reconnu “de réelles distorsions” dans le traitement des médias ultramarins et évoqué un “potentiel de rattrapage pour les prochaines campagnes”.
Cependant, réduire la presse réunionnaise aux difficultés des journaux quotidiens n’offre pas un regard exact de la situation. La presse réunionnaise ne se résume pas aux quotidiens historiques. Des publications comme Le Mémento incarnent une réussite exemplaire grâce à une gestion rigoureuse et une capacité d’adaptation aux nouvelles habitudes des consommateurs. En proposant des contenus variés et adaptés, Le Mémento a su trouver sa place dans un marché en mutation, illustrant que la presse écrite réunionnaise peut se réinventer et prospérer malgré les défis.
Ainsi, bien que des obstacles majeurs subsistent, le paysage médiatique réunionnais est aussi marqué par des exemples de résilience et d’innovation.
Memento.fr
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