Face aux difficultés auxquelles font face planteurs et industriels de la filière canne-sucre de l’ile de La Réunion, le Comité Paritaire interprofessionnel de la Canne et du Sucre (CPCS) vient de saisir le gouvernement nouvellement nommé afin que l’Etat joue pleinement son rôle de garant. A quelques semaines du coup d’envoi de la campagne sucrière, les professionnels de la filière canne-sucre de La Réunion se trouvent toujours dans l’impossibilité de signer la convention-canne 2022-2027 et tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme.
L’interprofession de la filière canne-sucre vient, à cet effet, d’adresser plusieurs courriers à l’attention d’Elisabeth Borne, Première ministre, et de Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire pour les alerter de la situation.
Face aux risques structurels qui pèsent sur la filière canne-sucre (baisse des revenus des planteurs, exploitation rendue difficile en environnement européen tropical, équilibre économique fragile des sucreries etc.), l’interprofession a renouvelé unanimement ses demandes directement à la Première ministre afin que :
- Les planteurs continuent de disposer des molécules nécessaires pour leur itinéraire technique, adaptées aux conditions tropicales de La Réunion ;
- La Recette bagasse Energie puisse faire l’objet d’une revalorisation pour rétablir une équité par rapport aux autres combustibles venant s’y subsister. Une revalorisation de la Recette Bagasse Energie permettra de surcroit une augmentation de la production de canne, ce qui induira une augmentation de la production de bagasse et limitera à due proportion les importations de biomasse extérieure, renforçant ainsi la souveraineté énergétique de l’ile ;
- Un dispositif de soutien adapté soit mis en place par l’Etat afin que les industriels puissent continuer à garantir le maintien du prix d‘achat de la tonne de canne à son niveau actuel sur toute la durée de la convention canne 2022- 2027. Ce dispositif permettra d’éviter une baisse du prix de la tonne de canne en cas de dégradation des conditions externes dont dépend l’industrie sucrière et sur lesquelles elle n’a pas de prise. Une bonification du prix de la tonne de canne sera possible si les conditions de marché le permettent.
A ces difficultés majeures et structurelles s’ajoutent les impacts de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine. Comme les autres filières agricoles des DOM, la filière canne-sucre de La Réunion subit, dans ce contexte, des dommages spécifiques liés à son ultra-périphéricité et à son insularité.
Comme l’Etat a su le faire pour répondre aux difficultés de l’agriculture continentale au travers du Plan de Résilience, une solution adaptée aux DOM et à la filière canne-sucre de La Réunion en particulier, doit également être trouvée pour faire face à :
- La hausse incontrôlée des prix des engrais et des intrants, qui ont doublé. À elle seule, cette augmentation consomme l’intégralité des 14 millions d’euros que l’État a récemment accordés aux planteurs de canne afin de revaloriser leur revenu.
- L’explosion du prix du fret qui fait aujourd’hui peser un risque supplémentaire pouvant avoisiner les 10 millions d’euros sur l’équilibre économique des sucreries. La crise du Covid et le conflit en Ukraine rendent absolument nécessaire le déplafonnement du soutien à l’écoulement afin de maintenir un niveau de concurrence loyal et équitable avec les sucreries continentales.
La situation est grave et nécessite urgemment une intervention adaptée au plus haut niveau de l’Etat pour redonner de la visibilité et un avenir à une filière qui demeure essentielle à l’échelle du territoire.
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