Le rapport thématique régional publié ce 11 juin 2025 par la Chambre régionale des comptes La Réunion – Mayotte met en lumière les défis considérables auxquels sont confrontées les communes mahoraises en matière de scolarisation à l’école primaire. Dans un territoire où les effectifs ont progressé de 22 % entre 2019 et 2024, à contre-courant de la tendance observée dans l’Hexagone, le système éducatif est sous tension.
"Cette croissance rapide, combinée à un déficit estimé à 1 200 salles de classe, conduit à une organisation en rotation : 57 % des élèves sont accueillis dans des établissements où une même salle sert successivement à deux groupes (matin et après-midi)."
La pression démographique oblige certaines communes à envisager un doublement de leur capacité d’accueil en dix ans, dans un contexte de foncier rare, de déficit d’ingénierie publique et de forte exposition aux risques naturels. "96 % des écoles sont exposées à un risque naturel en plus du risque sismique, et dans deux tiers des cas ce risque est de niveau moyen à fort."
L’État a pourtant mobilisé 207 millions d’euros depuis 2016, mais la moitié des communes n’a pas consommé les crédits alloués, faute de moyens humains ou techniques pour conduire les projets. À cela s’ajoutent des inégalités criantes : "Les communes mahoraises consacrent 38 % de moyens de fonctionnement en moins que leurs homologues hexagonales, alors même que les besoins y sont incomparablement plus importants."
Autre point noir : la restauration scolaire. "Seuls 8 % des élèves bénéficient d’un repas chaud. La majorité reçoit une collation froide peu nutritive, sans distinction d’âge, alors que des réfectoires ont été construits massivement grâce au financement de l’État." Les coûts de fonctionnement freinent leur mise en service.
L’accueil périscolaire, lui, est "quasi inexistant à Mayotte, souvent réduit à une simple garderie sans activités éducatives", en dépit des besoins du territoire.
Enfin, le rapport dénonce certaines pratiques municipales restrictives en matière d’inscription scolaire. "Des maires restreignent l’inscription scolaire par des pratiques discriminatoires, en demandant des pièces justificatives qui ne sont pas prévues par la loi." Une entrave directe au droit fondamental à l’éducation.
Le rapport complet est consultable sur le site de la Cour des comptes : Lire le rapport complet
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