Ramener à huit ans les études de médecine, ou encore créer un "sous-préfet délégué à l'accès aux soins" dans le cadre d'un véritable big bang des Agences régionales de santé : telles sont les principales recommandations d'un rapport parlementaire publié jeudi.
Il est le fruit de plusieurs mois de travaux d'une commission d'enquête sur l'organisation du système de santé et les difficultés d'accès aux soins, qui a été lancée par le groupe indépendant Liot (Libertés, indépendants, outre-mer, territoires). "Aujourd'hui une grande partie de notre population vit dans un désert médical", a rappelé lors d'une conférence de presse Christophe Naegelen, le rapporteur Liot de la commission d'enquête, en disant s'être concentré sur des propositions "pragmatiques".
L'une d'entre elles : ramener à huit ans la durée d'études pour devenir médecin (contre 10 minimum actuellement). C'est "la durée moyenne dans les pays de l'OCDE", a fait valoir M. Naegelen, pour qui il s'agit de "mettre plus rapidement les étudiants sur le marché du travail". Pour y arriver, le rapport propose de condenser en deux ans les actuelles trois premières années, consacrées à la théorie. Mais aussi de revenir sur la quatrième année d'internat en médecine générale, instaurée par une réforme controversée de 2022 et dont les premiers étudiants sont attendus à la rentrée de novembre 2026.
Le rapport préconise par ailleurs de permettre de redoubler la première année. Autre recommandation : une refonte totale, sobrement appelée "restructuration", de l'organisation des Agences régionales de santé (ARS), "au bénéfice du corps préfectoral". Les ARS ont "beaucoup trop de compétences", sont "déconnectées" des citoyens et des professionnels de santé et "décriées" par "tout le monde", a asséné M. Naegelen.
Les ARS étant des établissements publics avec "une certaine autonomie", les "impulsions de politique publique peinent à être pleinement transmises aux agences", poursuit le rapport. La proposition est donc de remplacer les ARS par les "directions régionales à l'accès aux soins", sous l'autorité du préfet de région. Il s'agit de créer des "sous-préfets délégués à l'accès aux soins" dans chaque département, chargés de "coordonner l'action des services de l'État dans le domaine de la santé".
Les personnels départementaux des ARS seraient placés sous l'autorité de ce sous-préfet. Christophe Naegelen a également plaidé pour une loi de programmation sur les besoins d'investissement en santé, permettant "aux professionnels, à l'administration", d'anticiper ces besoins sur cinq ans. Le président macroniste de la commission d'enquête, Jean-François Rousset, a salué "un travail de longue haleine" et un rapport "fourni et très dense".
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