Le Premier ministre François Bayrou poursuit lundi ses tractations afin d'éviter la censure de la gauche et sans froisser ses alliés de LR qui haussent le ton, à la veille de sa déclaration de politique générale. Au coeur des discussions: la réforme des retraites de 2023.
Si un rendez-vous est confirmé à 17H30 à Matignon entre le chef du gouvernement et les présidents des deux chambres du Parlement, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, seules les rencontres dans la matinée avec les syndicats agricoles figurent pour l'instant à l'agenda. Le patron des socialistes Olivier Faure, qui exige une "suspension" de la réforme des retraites, a affirmé dimanche sur BFMTV qu'un "échange avec François Bayrou" était prévu, sans donner plus de précisions.
Les arbitrages de François Bayrou sont attendus après une semaine d'intenses discussions à Bercy entre les responsables politiques de l'opposition et les ministres Eric Lombard (Economie), Amélie de Montchalin (Comptes public) et Catherine Vautrin (Santé et Travail), reçus samedi à Matignon pour présenter la synthèse de leurs travaux. Les Insoumis, qui ne participent pas aux négociations, ont d'ores et déjà annoncé qu'ils déposeraient une motion de censure, qui sera examinée jeudi ou vendredi, mettant la pression sur leurs partenaires du Nouveau Front populaire (NFP) pour qu'ils la votent.
Faute de soutien du RN à cette motion, le gouvernement ne devrait pas tomber cette semaine. Mais il sera attendu dans les prochaines semaines sur le budget, et devra à nouveau convaincre la gauche de ne pas voter la motion de censure, comme il y a un mois avec le LR Michel Barnier. A gauche, comme au sein de la majorité, certains s'attendent à un geste sur les retraites du Premier ministre, au plus bas dans les sondages bien qu'il ait tout juste assumé ses fonctions.
- Sans Les Républicains ? -
Chez les macronistes, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a affirmé dimanche "ne pas être opposée par principe" au fait d'"arrêter" brièvement la réforme des retraites pour en "rediscuter", la qualifiant "d'injuste".
L'ancien Premier ministre Edouard Philippe s'était dit favorable à un "effort un peu moindre" dans le budget pour redresser les finances publiques du pays, tout en prévenant qu'une suspension de la réforme des retraites était "une mauvaise idée". Preuve des divergences au sein du camp présidentiel, le ministre de la Justice Gérald Darmanin, s'exprimant à titre personnel sur LCI, a estimé qu'il ne fallait "pas toucher" à la réforme.
La droite, qui fait partie du gouvernement, a d'ores et déjà prévenu qu'elle ne souhaitait pas de suspension de la réforme des retraites sans mesures d'économie, estimant que les finances publiques de la France ne pouvaient pas se le permettre. Dans un entretien accordé au Parisien, le patron des députés LR Laurent Wauquiez a estimé que "suspendre (la réforme) sans scénario alternatif" reviendrait à "sauter dans le vide sans parachute. Ce sera sans la Droite républicaine !".
Le président LR du Sénat Gérard Larcher avait quant à lui lancé un avertissement dans les colonnes du Parisien: "Le message est clair: ni suspension ni abrogation !", tout en prévenant: "participation (au gouvernement) ne veut pas dire renoncement". D'ici mardi, les échanges vont se poursuivre, avec jamais loin de M. Bayrou l'ombre du président de la République, dont le bilan est étroitement lié à la réforme des retraites. Emmanuel Macron a reçu son Premier ministre à l'Elysée vendredi matin, en compagnie de M. Lombard et de Mmes Montchalin et Vautrin.
Le Sénat doit par ailleurs reprendre ses débats sur la partie "dépenses" du budget de l'Etat dès mercredi, un vote étant prévu le jeudi 23, avant l'éventuelle convocation d'une commission mixte paritaire pour accorder les points de vue du Sénat et de l'Assemblée. En attendant la déclaration de politique générale, l'Assemblée reprend ses travaux lundi avec l'examen en commission du projet de loi d'urgence pour Mayotte, premier texte présenté par le gouvernement Bayrou.
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