L’instauration de droits de douane prohibitifs par l’administration Trump, si elle devait perdurer, pourrait encore aggraver la situation de nombreux pays d’Afrique déjà touchés de plein fouet par la suspension de l’aide financière de Washington, a alerté l’Organisation mondiale de la santé. "Oui, les droits de douane constituent un problème majeur", a reconnu Kalipso Chalkidou, directrice de l’OMS chargée du département des financements et de l’économie de la santé.
"Le problème réside également dans le fait que, concernant les pays d’Afrique subsaharienne, certains des pays avec les économies les plus petites et les plus faibles semblent avoir été les plus touchés", a-t-elle ajouté lors d’un point de presse à Genève. Des pays comme le Lesotho et Madagascar pourraient voir "une grande partie de leur PIB anéantie par les droits de douane s’ils sont maintenus", explique la responsable, soulignant que pour nombre de ces pays l’aide financière extérieure "est essentielle au financement du système de santé".
Pour certains d’entre eux, l’aide extérieure représente jusqu’à 30 ou 40 % des dépenses totales de santé, et elle était en grande partie américaine, rappelle Kalipso Chalkidou. Dès son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a décrété un gel de la quasi-totalité de l’aide financière étrangère et a démantelé l’agence d’aide au développement USAID, l’un des principaux donateurs au monde.
Parallèlement, il a déclenché une guerre commerciale à coup de tarifs douaniers "réciproques" prohibitifs sur des dizaines de pays. Face à la tempête sur les marchés, il a annoncé une pause de 90 jours et ramené les taxes douanières à 10 % pour ces États. Lors d’un discours devant le Congrès, il s’en était pris tout particulièrement au Lesotho – "un pays que personne ne connaît" – très dépendant de l’aide financière américaine pour lutter contre le VIH et du marché américain pour ses produits textiles. Le petit royaume est menacé de tarifs douaniers de 50 %.
Kalipso Chalkidou a aussi cité la dépendance aux importations de médicaments de l’Afrique subsaharienne. Des produits dont la facture à l’importation va s’alourdir à cause des difficultés économiques de nombreux pays de la région et du gel ou de la suppression définitive du programme américain Pepfar, pourtant essentiel dans la lutte contre le sida. "La situation est vraiment très critique", a-t-elle renchéri.
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