Sept hommes comparaissaient jeudi devant le tribunal correctionnel de Strasbourg pour avoir illégalement acquis et élevé des espèces protégées, telles que des mygales, et, pour certains, les avoir prélevées dans leur milieu naturel.
Priscille Cazaux, la représentante du ministère public, a requis des peines de prison avec sursis. Le principal prévenu risque jusqu'à 3 ans de prison et 150 000 euros d'amende. Pour lui, elle a demandé 8 mois de prison avec sursis, tandis que pour ses deux compagnons de voyage en Guyane, les réquisitions étaient de 4 et 6 mois avec sursis. Un autre prévenu, qui détenait un grand nombre d'espèces "hors de toute réglementation", a vu une peine de 3 mois avec sursis demandée à son encontre, tandis que les trois autres prévenus encourent chacun 1 000 euros d'amende.
L'affaire remonte à septembre 2022, lorsque les douanes en Guyane ont intercepté des colis contenant des mygales, scorpions et autres arthropodes dangereux, expédiés vers la métropole. Ces animaux avaient été prélevés illégalement sur le territoire guyanais lors d’un voyage effectué par trois des prévenus, qui tentaient de les envoyer dans le Haut-Rhin.
En avril 2024, l'enquête avait conduit à plusieurs gardes à vue et à 14 perquisitions sur le territoire français. Parmi les découvertes figurent 97 mygales, 1 000 veuves noires, des reptiles (boas et pythons), des tortues et des grenouilles à flèche empoisonnée, avait précisé le parquet de Strasbourg.
Sur les sept hommes, un seul disposait des autorisations nécessaires à l’élevage d'animaux non domestiques, bien que des irrégularités lui soient reprochées. Ce Colmarien, principal prévenu, est poursuivi pour "ramassage irrégulier d'animal d'espèce non domestique" et "mise en danger d’autrui" en tentant d'envoyer des animaux protégés en métropole.
Son avocat, David Poinsignon, a plaidé la passion plus que le trafic : "Ce n'est pas un trafiquant, c'est une passion". Le prévenu a admis avoir ramené des araignées lors de ses promenades en Guyane et avoir tenté d’expédier des spécimens à un proche.
Un de ses compagnons de voyage a également reconnu avoir ramené une veuve noire dans ses bagages et tenté d'envoyer un colis d'espèces protégées.
Un agent de l'Office français de la biodiversité (OFB) a décrit un groupe de collectionneurs bien conscients de leurs actes, déplorant que la biodiversité en Guyane en souffre, notamment sur certains sentiers de plus en plus dépeuplés.
Le tribunal rendra son verdict le 26 septembre. En 2023, 31 396 spécimens d’espèces protégées ont été saisis en France, selon l’OFB.
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