Le congrès de Nouvelle-Calédonie a approuvé mercredi une aide de 226 millions d’euros proposée par l’État pour permettre au territoire de boucler l’année 2024, fortement marquée par des troubles ayant mis à mal son économie. Cette décision a été prise au terme d’une séance marathon de plus de huit heures, qui s’est conclue tard dans la nuit de mercredi à jeudi.
Si cette aide, sous forme de prêt, a été adoptée à l’unanimité par les groupes représentés au congrès, qu’ils soient indépendantistes ou non, elle a suscité de vifs débats. Une partie des élus calédoniens s’inquiète des répercussions financières de cette mesure sur le long terme.
Calédonie Ensemble (CE), un parti non indépendantiste, a particulièrement dénoncé “l’endettement insoutenable” qu’engendrera ce prêt, estimant que “la dette atteindra 340 % du PIB à la fin de l’année dans une trajectoire qui va durablement impacter les générations futures”, selon son président Philippe Michel.
Un soutien indispensable, mais à quel prix ?
Sans ce prêt de 226 millions d’euros, la Nouvelle-Calédonie n’aurait pu financer le chômage ou encore assurer le paiement des salaires des fonctionnaires, plaident les défenseurs de l’aide. Toutefois, les conditions imposées par Paris, notamment l’augmentation immédiate de la Taxe générale sur la consommation (l’équivalent calédonien de la TVA), soulèvent des préoccupations. “Certains Calédoniens en sont à vendre leurs meubles pour nourrir leur famille”, alerte Virginie Ruffenach (Le Rassemblement-Les Républicains). Elle ajoute : “On ne peut pas augmenter la pression fiscale dans le contexte dramatique de la Calédonie d’aujourd’hui”.
La situation économique de l’archipel est alarmante. Depuis le début des émeutes le 13 mai, l’Institut de la statistique et des études économiques rapporte que 9.000 salariés ont été privés totalement d’emploi, 120 entreprises ont fermé, et 1.150 travailleurs indépendants ont cessé leur activité.
L’État sous le feu des critiques
Certains élus, comme Virginie Ruffenach, pointent également la responsabilité de l’État dans la crise, en soulignant qu’il “n’a pas su protéger le territoire des 2,2 milliards d’euros de dégâts occasionnés depuis le début des troubles”. En outre, si le prochain gouvernement maintient l’enveloppe de 500 millions d’euros inscrite au projet de loi de finances 2025, “la Nouvelle-Calédonie dépassera les 500 % d’endettement”, prévient Philippe Gomès, membre de CE.
Alors que l’archipel traverse une période critique, cette aide est perçue comme un compromis délicat entre des besoins urgents et des réformes douloureuses. Les élus espèrent désormais que l’État saura accompagner la Nouvelle-Calédonie vers une reprise durable, tout en limitant les impacts sociaux et financiers pour ses habitants.
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