Les autorités se préparent à un anniversaire sous haute surveillance mardi en Nouvelle-Calédonie, un an après le début des violences insurrectionnelles de mai 2024 qui ont plongé l'archipel français du Pacifique sud dans une crise profonde, toujours sans issue politique. Après l'échec des discussions la semaine dernière sur l'avenir institutionnel du territoire, sous l'égide du ministre des Outre-mer Manuel Valls, le gouvernement veut à tout prix éviter une nouvelle flambée de violences un an jour pour jour après le début des émeutes les plus importantes sur le "Caillou" depuis les années 1980.
Le nouveau Haut-commissaire de la République Jacques Billant, représentant de l'État sur l'archipel, a notamment décidé l'interdiction des rassemblements, manifestations, défilés et cortèges dans plusieurs communes autour de Nouméa entre le 12 et le 15 mai inclus, cette dernière date correspondant au décès des premières victimes des émeutes de l’an dernier, qui ont fait 14 morts au total et causé plus de 2 milliards d’euros de dégâts.
Dans son arrêté du 8 mai, le Haut-commissaire a justifié ces interdictions sur les communes de Païta, Dumbéa et Mont-Dore, où des débordements ont été constatés début mai, par les "troubles à l’ordre public que pourraient générer ces attroupements dans le contexte de l’anniversaire du 13 mai 2024 et de fébrilité en Nouvelle-Calédonie à l’approche de cette date".
Près de 2.700 membres des forces de sécurité intérieure, policiers et gendarmes, sont déployés dans l’agglomération de Nouméa, particulièrement dans certains quartiers jugés sensibles comme Montravel, Kaméré ou encore Rivière-Salée, où des tensions avaient éclaté l’an dernier. Des points de contrôle ont été installés aux entrées des principaux axes, et des patrouilles circulaient lundi soir sur la RT1. Certains habitants, prudents, avaient préféré ne pas sortir, tandis que les stations-service fermaient plus tôt que d’habitude.
"Nous sommes déterminés mais sereins", a assuré le général Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie de Nouvelle-Calédonie. "Nous avons pris toutes les dispositions nécessaires pour protéger la population et les biens. Les dispositifs sont calibrés pour dissuader et intervenir si nécessaire, mais notre objectif est clair : maintenir le calme et rassurer." Le général a souligné l'importance du dialogue avec les communautés locales, saluant "la coopération avec les élus municipaux, les coutumiers et les responsables associatifs".
Le Haut-commissaire Billant a par ailleurs pris un arrêté pour restreindre drastiquement la vente de boissons alcooliques et fermentées à emporter sur la même période du 12 au 15 mai inclus, ainsi que pour interdire leur consommation sur la voie publique. Ces restrictions avaient déjà été mises en place au plus fort de la crise par son prédécesseur Louis Le Franc, qui avait surtout imposé un couvre-feu de plus de six mois pour rétablir l’ordre après les violences.
Sur le plan politique, les discussions qui ont échoué empêchent de "régler la question de la composition du corps électoral", à l’origine des violences insurrectionnelles, "et celle de l’exercice du droit à l’autodétermination" de l’archipel, a regretté la semaine dernière Manuel Valls.
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