Après six années de mise en œuvre, le programme ECOFISH, financé par l’Union européenne et coordonné par la Commission de l’océan Indien (COI), a dressé un bilan jugé positif de son action en faveur d’une pêche durable dans la région Afrique orientale, australe et océan Indien (AA-AO-OI). Lancé en 2019, ce dispositif de 28 millions d’euros a permis de structurer une dynamique régionale alliant gouvernance, innovation et initiatives communautaires.
Des outils pour une gestion durable
Le programme a contribué à la création de plusieurs instruments destinés à renforcer la durabilité des pêches. La plateforme de coordination régionale ESA-SFBE-CP servira d’outil permanent pour la gouvernance des pêches et de l’aquaculture. Parmi les innovations mises en avant figurent un compteur économique mesurant l’apport du secteur au PIB et à l’emploi, un carnet de bord partagé pour centraliser les données de pêche, un fonds fiduciaire pour faciliter l’accès des pêcheurs artisanaux au financement, ainsi qu’un observatoire climat-pêches.
Ces dispositifs visent à réduire les pertes post-capture, à lutter contre la pêche illégale et à stimuler l’aquaculture, identifiée comme un levier majeur de croissance. Selon les estimations, les retombées économiques pourraient atteindre 5 milliards d’euros par an pour la région.
Des modèles de gouvernance reproductibles
ECOFISH a permis de tester des plans de gestion reconnus comme efficaces, tels que celui appliqué aux holothuries aux Seychelles ou à la pêche au poulpe de Zanzibar, inspiré du modèle rodriguais. Ces expériences démontrent qu’une gouvernance simplifiée et participative peut concilier durabilité des ressources et bénéfices pour les communautés.
Sur le plan de la surveillance, le Plan régional de surveillance des pêches (PRSP) a intensifié ses opérations, avec 12 patrouilles conjointes depuis 2020 ayant permis de détecter 37 infractions et d’intercepter trois navires. Depuis sa création il y a 18 ans, ce mécanisme de coopération régionale a conduit 65 patrouilles et contrôlé 723 navires.
Des projets locaux à fort impact
Neuf projets de démonstration ont été financés à hauteur de huit millions d’euros, touchant directement plus de 50 000 familles. Au Mozambique, la construction de centres de pêche a permis de réduire de moitié les pertes post-récolte. Au Kenya, des associations villageoises d’épargne ont été créées, avec une forte participation des femmes. À Madagascar, des milliers de données sur les débarquements ont été collectées pour soutenir la gestion durable, tandis qu’à Maurice et Rodrigues, des dispositifs de concentration de poissons et des rénovations de sites de débarquement ont été mis en place.
Une formation pour préparer l’avenir
Le programme a aussi accompagné la formation des professionnels, avec la création en 2021 d’un cursus universitaire en droit, économie bleue et gestion durable de la pêche, en partenariat avec l’Open University. Vingt diplômés issus de Maurice et d’autres pays de la région ont achevé leur formation cette année.
Une coopération renforcée
Le succès d’ECOFISH repose sur un partenariat associant institutions régionales, organisations spécialisées et ONG, avec le soutien financier et technique de l’Union européenne. Cette dynamique a contribué à poser les bases d’une gouvernance régionale coordonnée, articulée autour d’un rôle politique confié aux Communautés économiques régionales et d’une expertise technique portée par les organisations de pêche.
Vers un nouveau programme
Fort de ces résultats, l’Union européenne a confirmé un nouvel engagement de 58 millions d’euros pour l’océan Indien occidental, destiné à consolider les acquis, à soutenir la sécurité alimentaire, à renforcer la résilience face au changement climatique et à faire de la pêche un pilier économique durable dans la région.
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