Réuni en séance plénière le 12 décembre 2025, l’Observatoire des prix, des marges et des revenus (OPMR) de La Réunion a rendu un avis détaillé sur la préparation du Bouclier Qualité-Prix (BQP) 2026. Dans un contexte de dégradation marquée du pouvoir d’achat, l’instance plaide pour une évolution profonde du dispositif afin de le rendre plus efficace, plus lisible et mieux contrôlé.
Selon l’OPMR, la négociation du BQP 2026 doit se concentrer en priorité sur dix axes majeurs, parmi lesquels « la généralisation effective et pérenne du panier péi dans toutes les enseignes », « l’élargissement du BQP à toutes les surfaces de vente, sous un format réduit à 50 produits », ou encore « l’adoption d’une exonération fiscale sur les produits du BQP, en particulier alimentaires ». L’Observatoire insiste également sur la nécessité de « donner la priorité à des produits de qualité, notamment sur le plan nutritionnel, et issus de la production locale ».
L’OPMR s’inquiète par ailleurs de la baisse significative des contrôles réalisés en 2025. Alors que 62 magasins participent au dispositif, seuls 24 contrôles ont été effectués cette année-là. Une situation jugée préoccupante, car elle fragilise l’évaluation de « la disponibilité des produits, la conformité de l’affichage, la cohérence des prix en rayon et en caisse, ainsi que le respect du prix total réglementé », selon l’Observatoire.
Les résultats du sondage de notoriété et de satisfaction mené auprès de plus de 1 000 foyers réunionnais confirment l’urgence sociale. « Six foyers sur dix déclarent se priver beaucoup ou ne pas arriver à s’en sortir », relève l’OPMR, soulignant que le prix est désormais la première motivation d’achat, devant la qualité ou l’origine locale. Si 71 % des foyers achètent des produits BQP au moins occasionnellement, ces achats restent souvent impulsifs et insuffisamment anticipés, le dispositif demeurant encore mal compris.
Concernant le panier péi, composé de fruits et légumes locaux, l’Observatoire dresse un constat contrasté. Seules trois enseignes sur sept l’ont réellement mis en place, représentant environ un tiers des magasins concernés. Selon l’OPMR, « l’attractivité du panier péi est pourtant très élevée », puisque 88 % des foyers se déclarent prêts à en acheter s’il était disponible dans leur magasin. L’instance appelle donc à une généralisation rapide, avec une meilleure visibilité et une présentation plus incitative pour le consommateur.
L’analyse comparative des prix met également en lumière des écarts persistants avec l’Hexagone. Sur un échantillon de produits comparables, « le prix total observé à La Réunion reste en moyenne 11 à 13 % plus élevé qu’en métropole », un différentiel particulièrement marqué sur les produits alimentaires. L’OPMR note toutefois que La Réunion affiche des prix inférieurs à ceux des autres départements et régions d’outre-mer, notamment Mayotte.
Enfin, l’Observatoire formule des recommandations fortes sur la gouvernance du dispositif. Il demande à être officiellement intégré aux négociations, rappelant que « l’utilité de sa participation a été démontrée lors des précédentes refontes du BQP ». Il appelle également à renforcer la communication, à améliorer la signalétique en magasin et sur le digital, et à étendre le BQP à d’autres secteurs essentiels pour les ménages, tels que les services bancaires, la parapharmacie ou encore l’automobile.
Pour l’OPMR, la négociation du BQP 2026 doit s’inscrire pleinement dans le nouveau cadre réglementaire fixé par l’État en 2025 et répondre à une exigence claire : « préserver le pouvoir d’achat des Réunionnais tout en améliorant la qualité et la transparence des produits proposés »
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