Hier, mardi 15 octobre 2024, s'est tenu un déjeuner d'échanges au siège de la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI) de La Réunion, réunissant des acteurs économiques locaux et des représentants nationaux, dont M. Hervé Mariton, Président de la Fédération des Entreprises d'Outre-Mer (FEDOM). L'objectif de cette rencontre : discuter des mesures d'économie envisagées dans le projet de budget de l'État pour 2025, qui pourraient avoir des répercussions inquiétantes sur l'économie réunionnaise.
Pierrick Robert, président de la CCI, a ouvert la session en soulignant la situation critique dans laquelle se trouve l'économie locale. "C'est une année de tous les dangers pour La Réunion", a-t-il affirmé, rappelant les taux de défaillances d'entreprises en forte augmentation. Il a insisté sur la dépendance de l'île à l'économie nationale : "Ici, à La Réunion, tout est dépendant du système économique. Quand ce système est menacé, c’est toute l’île qui l’est également." Selon lui, les décisions qui seront prises dans les mois à venir auront un impact direct et profond sur le tissu économique local. "Nous devons nous assurer que nous aurons un impact fort sur ce budget, qui risque d’affaiblir encore davantage notre économie", a-t-il martelé.
Hervé Mariton a poursuivi en abordant les problématiques spécifiques aux Outre-Mer, avec une attention particulière sur les charges sociales et le coût du travail. "Le dispositif d’exonération des charges sociales en Outre-Mer a prouvé son efficacité", a-t-il déclaré, soulignant que les taux d’emploi dans ces territoires ont mieux résisté que sur le plan national, justifiant le maintien d’un dispositif spécifique. Il a évoqué deux points jugés "inacceptables" dans le projet de budget : "La remise en cause des réductions d’abattements Fillon et l’intensification particulière des charges sur les entreprises ultramarines sont des menaces directes pour l’emploi", a-t-il averti. Le conseil d'administration de la FEDOM a d'ailleurs pris la décision d’écrire au Premier ministre et aux parlementaires pour sensibiliser les pouvoirs publics à l’importance de maintenir ces dispositifs.
Les acteurs locaux ont également exprimé leurs préoccupations. Un entrepreneur artisanal a témoigné des difficultés spécifiques rencontrées par les petites entreprises : "Nous souffrons déjà d’un déficit de compétitivité. Si cette réforme entre en vigueur au 1er novembre, avec une augmentation de 2 % des charges patronales et de sécurité sociale, cela nous mettra en concurrence directe avec les entreprises nationales, qui sont mieux équipées pour y faire face", a-t-il expliqué.
Un autre représentant de l’artisanat a mis en lumière les conséquences potentielles sur l’apprentissage : "La plupart de nos entreprises artisanales comptent moins de 10 salariés. Si on touche aux exonérations, cela impactera directement nos jeunes en formation, ce qui compromet l’avenir de notre secteur."
Les inquiétudes ne se limitent pas aux artisans. Les participants ont unanimement souligné que l’augmentation des charges sociales entraînerait un accroissement du travail informel, fragilisant encore davantage les entreprises qui respectent les règles. "Nous avons déjà un taux de chômage avoisinant les 19 %", a rappelé un acteur économique. "Si la suppression de l’exonération des charges sociales est confirmée, nous risquons de voir ce chiffre grimper encore plus."
Les discussions ont mis en lumière l'urgence d'une action collective. "Nous devons faire front commun et envoyer un message fort aux décideurs politiques", a conclu Pierrick Robert. "Il s’agit de la survie de nos entreprises, de l’emploi local et de la stabilité sociale à La Réunion."
Le déjeuner s'est clôturé sur un appel unanime à l’action, avec une mobilisation attendue lors des débats parlementaires à venir. Le sort de milliers d’emplois et de l’avenir économique de La Réunion reste suspendu aux décisions budgétaires des prochains mois.
Memento.fr
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