Le CPCS, interprofession de la filière canne-sucre, est toujours dans l’attente d’une réponse officielle du gouvernement concernant la demande d’accompagnement complémentaire à hauteur de 35 M€ formulée par les professionnels de la filière canne-sucre pour assurer sa pérennité. Cette attente devient préjudiciable alors que le cadre économique et juridique doit être clair pour pouvoir négocier une Convention Canne sur la période 2022-2027.
Nous rappelons que les deux maillons de la chaine que sont les planteurs et les industriels sont indissociables : l’avenir des uns est nécessairement lié à l’avenir des autres. Il est donc impératif que l’Etat se positionne clairement, rapidement et formellement sur ces deux volets.
En ce sens, les co-présidents ont écrit en date du 11 mars 2022 au Premier ministre.
« Monsieur le Premier ministre,
Lors de notre entrevue au salon de l’Agriculture le 26 février dernier, nous vous avons rappelé la gravité de la situation dans laquelle se trouve la filière canne-sucre de la Réunion et l’urgence que l’Etat formule des réponses aux demandes de l’interprofession. Vous nous avez alors répondu « pas aujourd’hui, mais vous aurez des réponses lorsque je viendrai à La Réunion ».
Ce déplacement à La Réunion initialement prévu cette fin de semaine, n’a pas pu avoir lieu. Nous comprenons que l’actualité internationale l’a empêché.
Malheureusement, nous constatons que la filière canne-sucre est la grande oubliée de ces annonces. La situation devient intenable pour nous dans la mesure où, comme vous le savez, nous devons conclure les négociations de la nouvelle convention canne pour la période 2022- 2027 avant le démarrage de la prochaine campagne, c’est à dire au plus tard en juin 2022. Or, en l’absence d’engagement de l’Etat, nous ne disposons pas du cadre juridique et financier nécessaire pour entamer les négociations.
En effet, les planteurs ont apporté les éléments permettant de justifier un besoin annuel de 20 millions d’euros supplémentaires pour leur permettre de faire face à la montée constante des charges et à la perte de leur pouvoir d’achat. Par ailleurs, les industriels ont fourni les études montrant un besoin annuel non couvert de l’ordre de 15 millions d’euros pour compenser leurs surcoûts de production et maintenir l’équilibre économique des sucreries au cours de la prochaine convention canne.
L’avenir de la filière canne-sucre forme un tout. Il n’y aura pas de sucreries sans cannes, pas de cannes sans sucreries. L’avenir des planteurs et des industriels est lié. Il n’y aura pas d’avenir pour les uns s’il n’y a pas d’avenir pour les autres.
Aussi, sans des engagements forts de l’Etat pour chacune des deux familles de l’interprofession, nous ne voyons pas comment nous pourrions contractualiser sur la durée les paramètres technico-économiques de la filière dans une nouvelle convention : planteurs comme industriels ont besoin de se projeter sur le long terme pour investir aux champs comme à l’usine, faute de quoi la dégradation des performances et le découragement des acteurs provoqueront le déclin irrémédiable de la filière.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, nous sommes collectivement dans l’incapacité de négocier la nouvelle convention canne qui devra être signée avant le démarrage de la prochaine campagne, dans environ 3 mois. Il s’agit d’une situation tout à fait inédite, l’Etat se positionnant jusque-là sur les grands équilibres financiers en amont de l’ouverture des négociations, puis prenant ensuite le soin d’en assurer la compatibilité communautaire.
Les rendez-vous qui ont eu lieu avec les services de l’Etat ces dernières semaines sur les dossiers que nous présentons, pour certains depuis près de 10 mois, ont permis de fixer les grands éléments permettant la prise de décision.
A la suite des engagements pris devant nous par le ministre des Outre-mer d’apporter une réponse aux demandes de la filière au début du mois de mars et de vos déclarations lors du salon de l’Agriculture, nous sommes dans l’attente d’une réponse urgente tant à la demande des planteurs qu’à celle des industriels nous permettant de réellement engager les négociations de la nouvelle convention canne.
Nous sommes confiants dans les termes du courrier de la présidence de la République qui nous a écrit le 26 février 2022 : « A court terme, les négociations pour la préparation de la prochaine convention canne doivent permettre de sécuriser la filière en tenant compte des surcoûts constatés depuis 2017 ».
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Premier ministre, l’expression de notre haute considération »
Le coprésident planteur : Pierre Emmanuel THONON
Le coprésident industriel : Florent THIBAULT
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