Une nouvelle soirée de violences a secoué la Martinique : six policiers ont été blessés par des tirs de plomb lundi soir à Fort-de-France, dans un contexte de mobilisation contre la vie chère.
Selon la préfecture, "de nouvelles violences urbaines ont émaillé le territoire, touchant particulièrement les quartiers Dillon et Sainte-Thérèse à Fort-de-France". Plusieurs magasins ont été vandalisés et pillés. Les forces de sécurité ont délogé les groupes responsables de ces actes de saccage, faisant face à "plusieurs dizaines de tirs d'armes à feu" qui ont ciblé les forces de sécurité, blessant six policiers. Deux personnes ont été interpellées.
Les émeutiers ont installé des barrages dans le quartier populaire de Sainte-Thérèse, où les tensions sont vives depuis plusieurs jours. Un véhicule incendié a été poussé sur la voie publique, nécessitant l'intervention des pompiers. Des sites portuaires ont également été ciblés par plusieurs dizaines de personnes, entraînant des conteneurs ouverts, des véhicules dégradés, et des camions déplacés et vandalisés.
Un barrage routier a été mis en place sur l'axe principal entre le sud et le nord de l'île, avec des palettes et des pneus bloquant la circulation pendant une grande partie de la nuit. Les gendarmes ont finalement rétabli la circulation.
Le préfet a condamné ces actes, déplorant que "des milliers de Martiniquais subissent un tel déferlement de violence, et notamment les habitants de ces quartiers, déjà fortement touchés par la situation économique et sociale". Il a souligné que "la lutte contre la vie chère ne saurait devenir un prétexte pour quelques-uns qui, puisant leurs militants dans les milieux de la délinquance, passent leurs nuits à détruire ce qui permet à d'autres de travailler et de vivre dignement".
Cette violence s'inscrit dans une escalade qui avait débuté le 2 septembre, avec des tirs à balles réelles visant des policiers. Dans la nuit de vendredi à samedi, deux personnes ont ouvert le feu sur la façade du commissariat de Fort-de-France, sans faire de blessé. La préfecture met en garde contre cette "stratégie du chaos" qui "ne peut aboutir à aucune issue positive".
Par ailleurs, le Grand port maritime de Martinique, point d'entrée de 98% des marchandises, est depuis le 1er septembre le théâtre d'un mouvement de contestation contre la cherté des denrées alimentaires. Selon l'Insee, les prix alimentaires en Martinique étaient 40% plus élevés qu'en métropole en 2022.
Des hypermarchés ont été bloqués à l'appel du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéennes (RPPRAC). Le collectif a exigé des acteurs de la grande distribution martiniquaise d'aligner leurs prix sur ceux de la métropole, fixant un ultimatum au 1er septembre. Ils appellent désormais au blocage de l'île jusqu'à ce que la transparence soit faite sur les négociations en cours.
L'État, les distributeurs, et les collectivités visent une "baisse de 20% en moyenne du prix" de 2.500 produits de première nécessité. Cependant, une table ronde en préfecture a échoué, les représentants du RPPRAC quittant les discussions face au refus du préfet de retransmettre les échanges en direct sur les réseaux sociaux.
La Collectivité territoriale de Martinique s'est prononcée en faveur de la suppression des taux d'octroi de mer, une taxe spécifique aux départements d'Outre-mer, sur plusieurs centaines de produits pour lutter contre la vie chère.
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