Le ministre d’État en charge des Outre-mer a annoncé, lors de son déplacement aux Antilles, qu’un projet de loi visant à lutter contre la vie chère dans les territoires ultramarins serait déposé avant l’été. Une déclaration saluée par le député de La Réunion, Philippe Naillet, qui appelle néanmoins à s’appuyer sur les travaux parlementaires déjà réalisés pour ne pas repartir de zéro.
“Cette annonce est bienvenue alors que la vie chère continue d’empoisonner l’existence des citoyens d’Outre-mer.” Pour Philippe Naillet, la question de la cherté de la vie ne peut être traitée sans une approche globale et structurelle. Il rappelle que les parlementaires socialistes ont déjà mené un travail conséquent sur cette problématique, notamment à travers une commission d’enquête en 2023, ainsi que deux propositions de loi, l’une votée à l’Assemblée nationale en janvier 2025 et l’autre adoptée par le Sénat en mars 2025.
Lors de la niche parlementaire socialiste de janvier dernier, une première proposition de loi a été adoptée en première lecture, introduisant plusieurs mesures clés, comme le renforcement du Bouclier Qualité-Prix (BQP), un durcissement des sanctions contre les entreprises ne publiant pas leurs comptes et un contrôle accru des concentrations économiques. Philippe Naillet souligne également qu’il a fait adopter un amendement sur la transparence des marges arrière, un enjeu crucial que le ministre lui-même a mis en avant dans ses annonces. “J’avais à cette occasion fait adopter un amendement sur la transparence et les marges arrières, une disposition qui doit avoir toute sa place dans le futur projet de loi alors que le ministre a déclaré souhaiter “imposer aussi la transparence sur les marges arrières”.”
Au-delà de la question des prix, la vie chère en Outre-mer est indissociable des inégalités de revenus et des freins structurels qui entravent le développement économique local. “Elle est bien sûr liée aux prix mais elle est aussi par ailleurs une question de revenus, alors que le niveau de vie des Réunionnaises et des Réunionnais reste grandement inférieur à leurs compatriotes de l’Hexagone.” À La Réunion, 36 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, le chômage atteint 18 %, et les prix de l’alimentation sont en moyenne 36 % plus élevés qu’en métropole.
Philippe Naillet insiste sur la nécessité de s’attaquer aux causes profondes de cette situation, notamment l’héritage des “économies de comptoir” qui perdurent encore aujourd’hui et limitent les alternatives économiques pour les habitants des territoires ultramarins. Pour lui, la solution passe aussi par un soutien renforcé à la production locale, qui “doit pouvoir prendre toute sa place dans l’avènement d’un système économique plus juste”.
Alors que le gouvernement prépare son projet de loi, le député de La Réunion appelle à une approche qui ne se contente pas de mesures temporaires mais qui repense en profondeur les mécanismes économiques en place dans les Outre-mer. Il défend l’idée que seule une réforme structurelle permettra de répondre durablement à cette crise qui pèse sur le quotidien des Ultramarins.
Si les annonces du ministre sont un premier pas, leur mise en œuvre et leur portée réelle seront scrutées de près. En attendant le dépôt du projet de loi, les parlementaires ultramarins comptent bien peser dans les débats pour que cette réforme ne soit pas une énième tentative sans effets concrets pour la population.
Memento.fr
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