Dans le cirque de Mafate, à La Réunion, le cyclone et le chikungunya plombent le tourisme

Dans les montagnes escarpées du cirque de Mafate, sur l'île de La Réunion, les gîtes isolés souffrent d'une baisse de fréquentation. Le passage en février du cyclone Garance, qui a provoqué la fermeture de plusieurs sentiers de randonnée, puis l'épidémie de chikungunya ont fait fuir les touristes.

Au milieu des montagnes de Mafate, sur les sentiers sinueux situés à plusieurs heures de marche de la première route, les randonneurs se font plus rares en cette période, habituellement prisée des touristes. "On ne voit personne", regrette Mireille Timon, la tenancière du gîte Le Jacquier, dans l’îlet paisible des Lataniers. "Les gens réservent puis annulent. On a au moins trois fois moins de monde que d'habitude. Ça fait depuis le cyclone qu'on n'a pas travaillé."

Plusieurs sentiers pour rejoindre le cirque de Mafate ont été rendus inaccessibles par le phénomène climatique Garance qui a touché cette île de l’océan Indien le 28 février. Dans la foulée, l’épidémie de chikungunya a explosé en mars, faisant fuir durablement les touristes. Dans le village voisin d’Aurère, qui compte 90 habitants, les dortoirs en bois de Marie-Annick Boyer peinent ainsi à se remplir depuis plusieurs semaines. "L’année dernière, déjà, il a fallu attendre plusieurs mois après le cyclone Belal pour que les sentiers rouvrent", s’agace-t-elle. "On se sent délaissés."

Les guides de randonnée souffrent aussi. "Nous avons perdu 80 % de notre chiffre d'affaires sur les mois d’avril, mai et juin", souligne Frédéric Bord, à la tête de l’agence de voyage Réunion Randonnée, qui travaille avec des tour-opérateurs spécialisés dans les treks et les circuits de randonnée. Les réservations se font au moins un mois à l’avance. "On sait que les semaines qui arrivent resteront calmes", poursuit-il. Si ses circuits s’adaptent en fonction des sentiers fermés depuis Garance, l’épidémie de chikungunya engendre de fait "des annulations en cascade".

- Impact à long terme ? -

"Les visiteurs qui viennent de l’Hexagone ont peur d’attraper la maladie (transmise par les moustiques) et ont vu qu’il y avait un problème avec le vaccin", résume le gérant. "Après la baisse d’activité liée au cyclone, ça commence à faire beaucoup pour les petites entreprises qui n’ont que peu de trésorerie", s’inquiète Agnès Lavaud, chargée de mission du Syndicat des professionnels des activités de loisirs à La Réunion, qui craint que la baisse de fréquentation perdure. Car les annulations concernent déjà les mois de juin et juillet. "À ce moment-là, l’épidémie sera terminée", espère la professionnelle.

Lors de la précédente épidémie, en 2005-2006, qui avait touché un Réunionnais sur trois, le chikungunya avait eu un impact sur le tourisme sur le long terme. "Le secteur a souffert pendant 24 à 36 mois, alors que la maladie ne circulait plus", rappelle Didier Fauchard, président du Medef de La Réunion, qui craint un scénario similaire 20 ans après. De leur côté, les vingt ouvriers forestiers de l’Office national des forêts (ONF), chargés d’entretenir et de libérer l’accès des sentiers, sont à pied d’œuvre pour rouvrir le plus de chemins possibles.

"Environ 20 % des sentiers sont encore fermés au sein du cirque de Mafate", précise Rodrigue Doré, responsable de l’unité territoriale de Mafate au sein de l’ONF. Des axes ayant souvent subi de lourds dégâts et pour lesquels l’établissement public, financé par le conseil départemental, attend que des fonds soient débloqués afin de pouvoir entamer des travaux.

"Dans certains secteurs, il y a eu des glissements de terrain, des chutes de blocs, des marches ont été détruites et des passages à gué emportés par les eaux. On estime que le montant des travaux est au moins de 100 000 euros et on attend une enveloppe du Département pour pouvoir démarrer", poursuit M. Doré. Au sein du gîte Le Jacquier, dans le village des Lataniers, à Mafate, Mireille Timon prend son mal en patience. "On espère au moins que les sentiers rouvrent pour cet été et que les moustiques nous laissent tranquilles", lance-t-elle.


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