Et si, au lieu de réclamer — encore une fois — des rallonges budgétaires ou des emplois publics à n’en plus finir, nous profitions de la visite du Président de la République pour ouvrir une autre voie : celle de la reconnaissance, de la confiance, et de l’intégration des forces vives réunionnaises dans les stratégies nationales ?
Depuis des décennies, La Réunion est trop souvent perçue à travers le prisme de ses difficultés : chômage, catastrophes naturelles, dépendance budgétaire… Mais notre île n’est pas qu’un poste de dépense. Elle est aussi un vivier d’entrepreneurs, de professionnels engagés, de talents capables de rayonner bien au-delà de ses rivages.
Les chefs d’entreprise réunionnais ne veulent plus être seulement considérés comme des bénéficiaires de subventions. Ils souhaitent être associés aux décisions, impliqués dans les politiques de développement, et soutenus dans leur volonté d’agir à l’échelle régionale. L’économie réunionnaise a un rôle stratégique à jouer dans l’espace océan Indien — à Madagascar, à Maurice, aux Comores. Certaines entreprises locales y sont déjà implantées, mais avancent souvent sans soutien diplomatique, sans visibilité, sans relais institutionnels.
Pourquoi ne pas envisager, par exemple, que les ambassades françaises dans ces pays deviennent des facilitateurs d’initiatives réunionnaises ? Que l’État accompagne activement ces projets comme il le ferait pour une entreprise métropolitaine à l’export ? Il ne s’agit pas ici d’argent, mais de reconnaissance. D’équité.
Ce manque de considération se retrouve aussi dans d’autres domaines. Prenons le cas des campagnes publicitaires nationales : combien de fois La Réunion y est-elle associée à la modernité, à la compétence, à l’innovation ? Sommes-nous inclus dans les messages adressés aux TPE et PME ? Non. Pourtant, l’île regorge de professionnels compétents, d’initiatives locales performantes et d’un savoir-faire qui n’a rien à envier aux régions hexagonales.
Pourquoi cette absence systématique ? Ce n’est pas une question de budget : nous parlons ici de quelques milliers d’euros, face à des centaines de milliers dépensés pour les médias régionaux de l’Hexagone. Alors, où est le problème ? Vu que cela dure depuis des décennies, on en vient à se demander si cela ne traduit pas, tout simplement, une forme de mépris.
Même nous, au Mémento, avons tenté il y a quelques années d’obtenir une interview présidentielle. Mais manifestement, la taille de notre département — près de 900 000 habitants — ne semble pas intéresser les services de communication de l’Élysée.
Et si La Réunion devenait un terrain d’expérimentation pour les politiques publiques ? Un laboratoire grandeur nature où l’on testerait la simplification administrative, la réactivité des institutions, l’agilité des procédures ? L’île pourrait devenir une vitrine de ce que la France peut réussir en matière de développement intégré, durable et innovant. Encore faut-il que l’on fasse confiance à ses forces vives.
Aujourd’hui, les jeunes Réunionnais voient encore trop souvent leur avenir dans la fonction publique, faute d’un tissu économique suffisamment soutenu et reconnu. Il est temps d’offrir une alternative crédible, fondée sur la valorisation des entreprises locales, sur l’ouverture à l’international, sur l’accès aux grands appels d’offres de la zone océan Indien, et sur une meilleure intégration des élus et décideurs réunionnais dans les orientations nationales.
La visite présidentielle ne doit pas être un moment de doléances budgétaires, mais un point de bascule. Une opportunité pour dire : « Nous sommes prêts. Prêts à bâtir, à investir, à porter haut les couleurs de la République dans la zone océan Indien. Mais pour cela, il nous faut plus que des aides : il nous faut de la confiance, du relais, de l’écoute et de la reconnaissance. »
La Réunion ne veut plus être un territoire que l’on soutient seulement financièrement.
Elle veut être un territoire que l’on intègre automatiquement aux décisions nationales. Mais bon, l'espoir fait vivre !
Georges-Guillaume LOUAPRE-POTTIER
1 COMMENTAIRE(S)
- Le 22-04-2025 08h24
Bravo bravo enfin une proposition qui tire la Réunion vers le haut????