Un poids-lourd du Sénat en charge de l'outre-mer: François-Noël Buffet, influent président Les Républicains de la commission des Lois de la chambre haute, a déjà été maintes fois évoqué lors des précédents remaniements, fort d'un profil jugé plus "constructif" que nombre de collègues de la droite.
À 61 ans, le parlementaire rhodanien se réclame d'une branche sociale du gaullisme, sur une ligne un peu moins dure que son chef de file au Sénat Bruno Retailleau, pressenti pour le ministère de l'Intérieur. Mais lui aussi est un fillonniste de la première heure. À plusieurs reprises, son nom était apparu ces derniers mois comme cible potentielle des macronistes, friands de ces débauchages individuels chez Les Républicains au fil des remaniements successifs. Mais François-Noël Buffet est resté attaché au Sénat, où il siège depuis 2004, et à son poste stratégique, qui l'a vu piloter nombre de dossiers clés, sur la sécurité et surtout l'immigration.
Il est notamment l'auteur d'un rapport respecté sur la simplification des procédures en matière migratoire, dans lequel Gérald Darmanin avait abondamment puisé pour son projet de loi immigration adopté dans la cohue fin 2023 et considérablement durci par la droite. "Je plaide coupable de plagiat", lui avait même lancé l'ex-ministre de l'Intérieur dans l'hémicycle. Il a aussi coordonné d'importantes missions de contrôle, sur les émeutes de juin 2023 comme sur les défaillances sécuritaires ayant entouré l'organisation de la finale de Ligue des champions au Stade de France fin mai 2022, un "fiasco inévitable" selon son rapport.
- Alliance lyonnaise avec Collomb -
Membre du "cabinet fantôme" de LR, ce "contre-gouvernement" lancé par Éric Ciotti où il était en charge de la Justice jusqu'au ralliement du Niçois au Rassemblement national, François-Noël Buffet est loin de découvrir les questions ultramarines, au cœur des travaux de sa commission.
Il avait notamment piloté une délégation transpartisane lors d'un déplacement en Nouvelle-Calédonie dès la mi-mars, alertant à l'époque sur les risques d'une dégradation de l'ordre public dans l'archipel en proie aux tensions et tentant d'afficher une position d'apaisement tout en soutenant une réforme constitutionnelle décriée sur l'élargissement du corps électoral des élections locales.
Avocat de profession et maire d'Oullins, dans la banlieue de Lyon, de 1997 à 2017, François-Noël Buffet avait déjà travaillé étroitement avec le camp macroniste lors des élections municipales de 2020: il avait contracté une alliance avec l'ex-ministre Gérard Collomb contre les Verts, obtenant dans le "deal" de récupérer la présidence de la métropole... Un accord finalement insuffisant pour l'emporter, à Lyon comme à la collectivité.
Sur le volet sociétal, il avait manifesté contre la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe et signé fin 2013 la charte de la Manif pour tous en vue des municipales. Sur l'inscription dans la Constitution de la liberté garantie à avorter, sa position a néanmoins évolué: il s'est abstenu en mars 2024 lors du Congrès du Parlement, après avoir voté contre un an plus tôt.
En remplacement de la macroniste Marie Guévenoux, il récupère un portefeuille ultrasensible et émaillé d'urgences, en Nouvelle-Calédonie - où treize personnes sont mortes dans les violences depuis mai - mais aussi en Martinique - en proie aux tensions ces derniers jours -, en Guadeloupe - touchée par des grèves d'agents EDF - ou encore à Mayotte.
Réaction à La Réunion :
Cyrille Melchior salue la nomination du gouvernement Barnier
"Suite à l’annonce de la composition du nouveau Gouvernement du Premier ministre Michel Barnier, je tiens à saluer la volonté de rassemblement avec des Ministres portés vers l’action et l’engagement. Je tiens surtout à saluer la création d’un ministère des Outre-mer de plein exercice, dirigé par François-Noël Buffet, à qui j’adresse toutes mes félicitations. Cela témoigne de la volonté du Premier ministre de consacrer les Outre-mer comme des territoires à forts enjeux, auxquels la Nation doit pleinement se consacrer.
Je voudrais par ailleurs réaffirmer les attentes fortes du Département sur des dossiers majeurs tels que le financement du rattrapage de l’offre en structures d’hébergement pour les personnes âgées et celles en situation de handicap. Sur cette même thématique, la question de l’augmentation des dépenses relatives aux allocations de solidarité (APA, PCH) qui pèse fortement sur les finances de la Collectivité départementale doit être traitée avec sérieux et pragmatisme.
Parmi les autres sujets importants, celui du logement, de la vie chère ou encore de l’emploi figurent parmi les priorités sur lesquelles nous souhaitons interpeler rapidement le Gouvernement afin qu’un travail soit mené, en étroite concertation avec les Collectivités territoriales.
Je ne manquerai pas de sensibiliser les Ministres compétents sur ces sujets cruciaux pour l’avenir de notre île, tout en rappelant notre attachement à une nécessaire stabilité institutionnelle, gage d’un travail efficace dans un contexte apaisé."
Cyrille Melchior, Président du Conseil départemental
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Sénatrice Audrey Bélim
"Comme attendu, nous n’avons pas aujourd’hui de nouveau gouvernement mais un simple remaniement. Les ministres Renaissance qui sont maintenus dans leurs fonctions sont particulièrement nombreux, loin du « parfum de cohabitation« promis par Emmanuel Macron.
LR obtient également de nombreux ministères malgré une lourde défaite aux législatives (4ème position) : c’est un hold-up démocratique. Le Gouvernement est formé des partis qui ont été le plus rejetés par les Français.
Le déni des élections est de toute façon une politique assumée puisque le Nouveau Front Populaire était arrivé en tête du scrutin. Loin de respecter les règles institutionnelles et la tradition républicaine, Emmanuel Macron a fait le choix d’un Premier ministre LR qui lui est idéologiquement très proche et qui lui sera politiquement inféodé.
Il faut que tout change pour que rien ne change, disait le Guépard joué par Alain Delon dans le film éponyme. Nous y sommes. Tant d’énergie dépensée et de jours perdus pour déboucher sur la continuité !
L’Elysée fait le choix d’être sourd aux attentes des Français concernant la justice sociale et fiscale comme la défense de nos services publics. C’est un choix dangereux.
Enfin, j’adresse mes félicitations républicaines à François-Noël Buffet mais lui dis aussi ma réelle inquiétude face à la baisse de 9% du budget des Outre-mer prévue à ce stade pour 2025. D’autres solutions existent, notamment en augmentant les impôts des plus riches.
Nos territoires seraient grièvement affectés par cette baisse des dépenses publiques, à laquelle s’ajouterait la diminution des dotations aux collectivités locales. Les inégalités augmenteraient tout comme toutes nos difficultés. Cette politique - nous le voyons en ce moment en Martinique - est également périlleuse."
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