Face à une crise du logement qui s’aggrave, la commune de Saint-Paul a réuni ce lundi 23 juin 2025 l’ensemble des acteurs du secteur lors des tout premiers États Généraux du Logement et de l’Habitat organisés à l’échelle communale à La Réunion. Un rendez-vous « inédit, proposé par le Maire de Saint-Paul, Emmanuel Séraphin, pour réunir autour de la même table : bailleurs sociaux et privés, élu·es, services de l’État, associations, citoyens, experts du territoire ».
À travers cette initiative, la collectivité entend répondre par des actes à l’urgence du mal-logement. « Ces premiers États Généraux marquent une étape décisive : ils appellent chacun à prendre ses responsabilités, à s’engager et à agir – maintenant et sur le long terme. » Avec « plus de 5 200 demandes de logements sociaux en attente à Saint-Paul, et une augmentation de plus de 20 % en deux ans », la situation est qualifiée de critique par la municipalité.
Depuis 2020, la commune affirme avoir livré « près de 1 200 logements », et annonce « 1 900 [logements] le seront encore entre 2025 et 2028, soit plus de 3 100 logements livrés en huit ans ». Cette dynamique s’appuie sur la coopération avec les acteurs publics et privés du logement.
L’événement a également permis de lancer un projet inédit contre l’habitat indigne. Saint-Paul ambitionne de devenir « la première commune de La Réunion à expérimenter un outil de régulation du parc locatif visant à protéger les locataires, lutter contre les logements insalubres et mettre fin aux pratiques des marchands de sommeil ». Ce dispositif pourrait prendre la forme d’un permis de louer ou d’un label communal, coconstruit avec les professionnels et les habitants, et testé dans un secteur pilote.
Autre sujet sensible abordé : la régulation des locations saisonnières, devenues un enjeu majeur pour l’accès au logement permanent. La commune s’appuie sur la loi Le Meur (novembre 2024) qui donne aux maires « la possibilité de limiter à 90 jours/an la durée de location de résidences principales ». Avec « 5 200 meublés touristiques recensés sur le Territoire de l’Ouest, dont 80 % à Saint-Paul », la municipalité alerte sur une situation où ces logements « assèchent le marché, alimentent la flambée des loyers, et excluent peu à peu les familles locales ».
Des mesures de régulation sont à l’étude pour être déployées à l’échelle communale. Une chose est sûre : la Ville de Saint-Paul entend assumer pleinement son rôle dans cette lutte. « À Saint-Paul, nous faisons le choix du courage et de la responsabilité. »
memento.fr
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