Le baromètre des villes cyclables est la plus grande enquête mondiale à propos du vélo. Réalisée tous les 2 ans en France depuis 2017, l’édition 2021 a dévoilé ses résultats le 11 février dernier. Les Réunionnais ne se sont pas privés de faire entendre leur voix dans le cadre de cette 3ème édition, qui offre des statistiques très utiles pour comprendre et améliorer la manière dont on peut se déplacer en vélo sur l’île. Le Collectif Citoyens dionysiens à vélo livre son analyse du baromètre à Saint-Denis, en la recoupant avec la cartographie des points noirs cyclables initiée en septembre 2021.
La satisfaction des cyclistes dionysiens est toujours basse, mais en légère amélioration
Le baromètre recueille le niveau de satisfaction des cyclistes dans 5 domaines observés :
- le ressenti global à vélo
- la sécurité
- le confort
- les efforts de la commune
- les services vélo et stationnements
A partir des réponses apportées sur ces 5 thématiques, il calcule un indice global de satisfaction sur l’état des aménagements cyclables dans leur ville allant de G (la note la plus basse) à A+ (la note la plus haute).
En 2021, 297 personnes ont apporté une contribution valide à Saint Denis, contre 134 en 2019, soit plus qu’un doublement en 2 ans. Saint-Denis obtient ainsi la note F - défavorable (2,4/6 pour une moyenne de la catégorie « Grande ville » à 3,05/6), alors qu’elle obtenait la note G - très défavorable en 2019. Cela montre une légère progression, encore bien trop minime pour satisfaire les usagers et leur permettre de se déplacer confortablement et en sécurité sur le réseau dionysien.
A La Réunion, le baromètre a collecté des données sur 12 communes. Toutes tailles de ville confondues, le chef-lieu arrive en 5ème position sur l’île, derrière Le Port (note D - moyennement favorable), L’Etang salé, Saint Paul, Saint-Leu (note E - plutôt défavorable) et devant La Possession, L’Entre-Deux, Sainte-Marie (note F - défavorable), Saint-Pierre, Les Avirons, Saint-Louis et Le Tampon (note G - très défavorable). Comment comprendre que le chef-lieu de La Réunion, avec son plan vélo en action, se retrouve avec ce classement et une note si critique ?
Des efforts à mener sur toutes les thématiques
Malheureusement, la ville de Saint Denis reste encore à la traîne des grandes villes françaises : elle arrive ainsi 35ème sur 38 des villes-centre de plus de 100 000 habitant·es, même si elle gagne 2 places depuis 2019.
Ces résultats se confirment sur l’ensemble des thématiques : les usagers ne se sentent pas en sécurité, ne savent pas où stationner leur vélo en sécurité, et l’intermodalité ne leur paraît pas optimale. Le point le moins pénalisant est la possibilité de trouver un magasin ou atelier pour faire réparer son vélo.
Les usagers reconnaissent malgré tout que la commune a réalisé des efforts ces deux dernières années, en particulier en termes d’écoute des besoins et de communication, même si ces efforts sont moins importants que pour la moyenne des communes.
Améliorer la sécurité et le confort de cyclistes toujours plus nombreux
Les répondants au baromètre 2021 ont indiqué les 3 critères les plus importants selon eux pour améliorer la pratique du vélo à Saint Denis :
- un réseau cyclable complet et sans coupure. Il s’agit ici de la continuité des espaces cyclables ;
- l’entretien des pistes et bandes cyclables. Ce point nécessite un moyen de communication efficace permettant aux usagers de faire remonter aux autorités compétentes les éventuels problèmes rencontrés sur leur trajet ;
- des stationnements adaptés et sécurisés pour les vélos.
En septembre 2021, le collectif “Citoyens dionysiens à vélo” a initié avec les usagers une cartographie des points noirs cyclables de la ville, recoupant les 3 critères ci-dessus. Au 1er mars 2022, elle compte 61 points noirs décrits précisément et répartis sur l’ensemble de la commune de Saint-Denis :
- 22 axes dangereux
- 22 ruptures de continuité
- 6 problèmes de signalétique
- 6 problèmes de stationnement
- 5 problèmes d’entretien
Aussi, l’analyse territorialisée de ces points noirs fait ressortir les constats suivants :
> Trois grands axes dans le sens est-ouest : le boulevard Sud, le front de mer et la rue général de Gaulle présentant chacun des difficultés :
- Des difficultés importantes sur la section du Boulevard Sud (défauts de sécurité, de continuité des bandes cyclables, présence de mobilier urbain gênant, absence de signalétique adaptée, ...)
- Le front de mer est en mauvais état pour les cyclistes, dangereux par temps de pluie, et présente un conflit d’usage permanent avec les piétons.
- La rue général de Gaulle présente également des défauts de signalisation et de sécurisation des cyclistes.
> Un centre-ville inadapté aux déplacements des vélos en raison notamment de l’omniprésence de la voiture
> Des liaisons difficiles voire inexistantes entre :
- le boulevard Sud et le secteur du front de mer.
- les Hauts et le boulevard Sud. Seul le téléphérique permet actuellement aux cyclistes d’être réellement en sécurité sur une partie des Hauts de la ville.
> De nombreux points noirs (tels que : chaussée mal entretenue, manque d’éclairage, manque de signalisation, conflits d’usage fréquents vélos/piétons...) sur les différents secteurs de la ville, qui nécessitent des interventions parfois rapides ou d’autres pouvant être programmées pour permettre d’améliorer le quotidien cyclable. Ces points noirs ont été relevés pour le moment dans les secteurs suivants : Bas de la Rivière, Providence, Trinité, Moufia, la Bretagne, Chaudron.
> Des espaces de stationnement quasi inexistants au niveau des espaces publics (lieux d’enseignement du secondaire et supérieur, structures administratives, lieux culturels et cultuels, commerces...).
A travers ce premier relevé des dysfonctionnements constatés sur le réseau, le collectif souhaite interpeller les collectivités publiques Ville et CINOR afin de comprendre qui pilote le plan vélo et suit sa mise en œuvre ? Quelles en sont les actions déclinées dans le temps des mandatures politiques engagées depuis 2020 ?
Enfin, soucieux de pouvoir mesurer l’amélioration des conditions de déplacement pour les vélos et répondre aux attentes des usagers, le collectif a défini des indicateurs complémentaires à ceux du baromètre pour inciter l’action publique à agir efficacement.
Vers un outil de sciences participatives permettant d’associer les Dionysiens ?
Les données issues de la cartographie des points noirs sont non exhaustives. Elles permettent de préciser les zones sur lesquelles des efforts doivent être entrepris plus précisément, mais elles ne remplacent pas une approche globale à l’échelle de la ville. Le collectif Citoyens dionysiens à vélo invite la collectivité à se saisir de ces données pour répondre aux attentes précises des usagers. Elle appelle de ses vœux la mise en place par la mairie d’un outil web de sciences participatives permettant aux citoyens de déclarer au quotidien les problèmes rencontrés par les usagers de mobilités douces. Ce type d’outil mis en place par de nombreuses communes permet de davantage faire participer les citoyens à la vie de la cité et de suivre en toute transparence la manière dont les problèmes sont gérés.
Cela aurait d’autant plus de sens alors que les données des compteurs vélo installés à Saint-Denis démontrent une fréquentation importante et toujours croissante par les cyclistes. Ainsi, en octobre 2021, le compteur situé au niveau de la digue de la ravine Patate à Durand (Finette) totalisait 188 cyclistes chaque jour en moyenne, en forte hausse depuis 2 ans.
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