La France a prôné vendredi la “désescalade” à propos de la question des droits de douane après la menace de Donald Trump d’imposer 50 % de surtaxe sur les produits européens, tout en rappelant que l’Union européenne était prête “à répondre” aux décisions du président américain.
“Les nouvelles menaces de hausses de droits de douane de D. Trump n’aident en rien pendant la période de négociation entre l’Union européenne et les États-Unis. Nous gardons la même ligne : la désescalade, mais sommes prêts à répondre”, a écrit, sur X, le ministre délégué au Commerce extérieur Laurent Saint-Martin.
Donald Trump est reparti vendredi à l’assaut du commerce mondial, menaçant l’UE de nouveaux droits de douane et ciblant également pour la première fois une entreprise, Apple, après plusieurs semaines d’accalmie dans l’offensive protectionniste lancée depuis son retour à la Maison Blanche.
Ces annonces, via son réseau Truth Social, ont immédiatement entraîné les Bourses européennes vers le bas, notamment les valeurs du luxe et de l’automobile cotées à Paris.
La Bourse de Paris a terminé la séance en recul de 1,65 % et Francfort, de 1,54 %. Londres a lâché seulement 0,24 %, les États-Unis et le Royaume-Uni ayant déjà conclu un accord commercial début mai.
À Wall Street, vers 18h45 GMT, l’indice élargi S&P500 reculait de 0,37 %, le Nasdaq de 0,64 % et le Dow Jones de 0,30 %.
Dans son message, le président américain a fait part de son impatience à l’égard des négociations commerciales en cours avec l’UE, qui, selon lui, “ne vont nulle part”.
La Commission européenne s’est refusée à tout commentaire, un porte-parole soulignant qu’un échange téléphonique avait été programmé vendredi, avant l’annonce de M. Trump, entre le commissaire au Commerce Maros Sefcovic et le représentant de la Maison Blanche pour le Commerce (USTR), Jamieson Greer.
Le président américain avait initialement annoncé que les produits européens seraient taxés à hauteur de 20 %, avant de décider d’une pause de 90 jours sur les droits de douane au-delà de 10 %, pour laisser le temps à des négociations. Cette pause devrait s’achever théoriquement début juillet.
Le commissaire Maros Sefcovic s’est entretenu à plusieurs reprises avec ses homologues américains, notamment les ministres des Finances Scott Bessent et du Commerce Howard Lutnick, mais sans que de réelles avancées n’aient été jusqu’ici réalisées.
“50 % c’est insoutenable, mais une réponse européenne (de même taille) n’est pas soutenable non plus pour les Américains”, a souligné dans la soirée Laurent Saint-Martin sur BFMTV.
Alors que le patron de LVMH Bernard Arnault a critiqué cette semaine devant le Sénat la manière dont la Commission européenne abordait les discussions avec les États-Unis, prônant de “négocier”, et non “de brandir des oukazes ou d’aller à Washington menacer de je ne sais quoi l’administration du président des États-Unis”, M. Saint-Martin a nuancé.
“On dit la même chose, il faut avoir une négociation qui fonctionne, (mais) on peut avoir des différences d’opinion sur la méthode de négociation. Je crois que, pour un rapport de force, il faut être capable de montrer des mesures de rétorsion”, a-t-il ajouté.
Il a appelé plutôt à “soutenir la Commission européenne”.
Pour le ministre, “ce n’est pas nécessairement sur les biens qu’il faut répondre, ce peut-être sur les services, tout doit être mis sur la table”, dans le cadre “d’un rapport de force sain”.
“Il y a un momentum dans cette situation, qui est l’affirmation de la puissance économique et commerciale qu’est l’Union européenne”, selon lui.
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