Manuel Valls, en déplacement en Nouvelle-Calédonie pour tenter de sauver l'accord de Bougival, a visité lundi une école du quartier populaire de Kaméré à Nouméa, particulièrement touché lors des émeutes de 2024, a constaté un journaliste présent. Le ministre des Outre-mer a évoqué dans l'école Edmond-Desbrosse les difficultés des familles liées à la scolarité. Trois classes de cet établissement de 260 élèves ont été incendiées au plus fort des violences, déclenchées le 13 mai 2024.
"Nous constatons que des enfants ont du mal à s'alimenter. Une partie ne peut pas aller à la cantine et reste devant l'école le temps du repas du midi", a indiqué la directrice, Isabelle Passaquin. "Cela se voit physiquement", a relevé l'ex-Premier ministre. Dans la cour, des parents ont témoigné de difficultés liées à l'emploi et aux transports. Depuis l'an dernier, le réseau de transports en commun a été considérablement réduit alors que le prix du billet a augmenté.
Le quartier, un des plus défavorisés de Nouméa, panse encore ses plaies. La médiathèque a été détruite et n'est plus accessible au collège voisin, dont les effectifs sont passés de 420 à 320 élèves en un an. "C'était calme en début d'année mais ça devient dur. Il y a des propos discriminatoires, des bagarres, beaucoup de déscolarisation", a souligné la directrice du collège de Kaméré, Françoise Audureau.
La province Sud de Nouvelle-Calédonie, la plus riche et la plus peuplée des trois provinces du territoire, a été de loin la plus touchée par les émeutes qui ont éclaté en mai 2024, après l'adoption par l'Assemblée nationale à Paris d'une réforme très controversée du corps électoral calédonien. Une grande partie de son tissu industriel a été détruit et les recettes fiscales sont en chute libre.
En réponse, la province avait supprimé lors de la rentrée de février, la vraie rentrée sur le Caillou, l'allocation de rentrée scolaire et l'aide aux frais de transport, et baissé le taux de prise en charge des repas des boursiers. Les bourses allouées aux familles les plus précaires ont aussi diminué de 50%. Plusieurs établissements scolaires, en partie détruits lors des émeutes, n'ont pas rouvert depuis, obligeant plusieurs milliers d'élèves à être déplacés.
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