La chambre régionale des comptes a publié ses observations définitives concernant le syndicat mixte de Pierrefonds (SMP), propriétaire et exploitant de l’aéroport du même nom, pour les exercices 2019 et suivants. Cette période a été marquée par l’effondrement du transport commercial de passagers et par une dégradation continue de la situation financière de l’établissement. Le SMP a été placé en redressement judiciaire le 25 février 2025 par le tribunal mixte de commerce de Saint-Pierre, pour une période d’observation prolongée jusqu’au 25 février 2026.
L’établissement a clos l’exercice 2024 avec un déficit supérieur à 5,6 millions d’euros et se trouve désormais en situation de cessation de paiement. Le trafic de passagers, qui atteignait environ 50 600 départs en 2019, n’a jamais retrouvé son niveau d’avant-crise après la pandémie de 2020 et 2021. Il s’est effondré à 10 000 passagers en 2023 puis 5 000 en 2024, des volumes bien inférieurs aux seuils habituels de rentabilité.
Parallèlement, le SMP n’a pas réduit ses charges d’exploitation. La chambre relève une masse salariale déjà élevée au regard d’établissements comparables, ainsi que des dépenses structurellement supérieures aux recettes. L’absence d’adaptation des coûts à la chute du trafic accroît les tensions financières, dans un contexte où l’aéroport ne dispose plus des ressources nécessaires pour assurer son équilibre.
La chambre régionale des comptes reconnaît la légitimité d’un second aéroport sur l’île, indispensable comme plateforme de secours et appui à une activité importante d’aviation générale. Elle estime toutefois que le modèle économique actuel n’est pas viable et que la gouvernance doit être réinterrogée au regard de la situation financière critique du syndicat.
Le rapport identifie deux orientations possibles. La première consisterait à relancer une activité commerciale régulière reposant sur des contrats fiables et un niveau d’aide publique encadré. Cette option n’est cependant pas privilégiée par la chambre, qui souligne l’absence de perspectives solides et les risques financiers associés. La seconde option serait d’abandonner l’exploitation d’un transport commercial permanent et d’engager une réflexion approfondie sur l’optimisation d’une plateforme dont le potentiel reste largement sous-exploité.
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