L’ex-Première ministre Élisabeth Borne a promis d’utiliser son poids politique pour défendre une école en crise. Nommée ministre d’État en charge de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, elle est déjà critiquée par des syndicats enseignants qui l’attendent sur les suppressions de postes envisagées.
Admettant d’emblée ne pas être une « spécialiste » des sujets éducatifs, la numéro deux du gouvernement Bayrou a affirmé avoir accepté cette mission en raison du contexte politique « particulier et grave ».
Poids lourd du nouveau gouvernement, formé après la chute de l’équipe Barnier en moins de trois mois, Élisabeth Borne a insisté sur la nécessité de « trouver la voie de la stabilité institutionnelle » et d’« établir des alliances entre les forces politiques républicaines ».
« En me proposant de rejoindre le gouvernement en tant que ministre d’État, le président de la République et le Premier ministre ont souhaité faire de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche la priorité de l’action gouvernementale », a-t-elle déclaré, soulignant être la sixième ministre en un peu plus de deux ans et demi à occuper ce poste, dans un contexte de forte instabilité rue de Grenelle.
Pas d’état de grâce
Élisabeth Borne a rappelé son expérience politique et sa capacité à défendre les budgets, alors que les syndicats expriment leurs craintes concernant les suppressions de postes d’enseignants prévues par le précédent gouvernement.
Elle s’est engagée à s’attaquer aux « violences dans les établissements », aux « atteintes à la laïcité » et à améliorer l’accueil des élèves en situation de handicap. Elle a également évoqué la nécessité d’améliorer les résultats des élèves français dans les tests internationaux, qu’elle juge « pas au rendez-vous ».
Ces priorités nécessitent des « personnels en nombre et correctement formés », a estimé Jérôme Fournier, du syndicat SE-Unsa, qui a exhorté Mme Borne à stopper les suppressions de postes.
De son côté, Sophie Venetitay, secrétaire générale du SNES-FSU, a dénoncé un « discours creux (…) sans mention des salaires, du budget ou du +Choc des savoirs+ », une réforme des programmes très contestée.
Le 5 décembre, un mouvement de grève des enseignants avait été largement suivi. Ils protestaient contre les 4 000 suppressions d’emplois prévues dans le budget Barnier et contre un plan renforçant les jours de carence pour les fonctionnaires.
Priorités et défis
Élisabeth Borne n’a pas abordé mardi le programme d’Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars), stoppé par la chute du gouvernement précédent. En revanche, la nouvelle ministre chargée de l’Égalité femmes-hommes, Aurore Bergé, a souligné que cette thématique représentait une « nécessité absolue ».
Mme Borne a également exprimé sa « solidarité » envers les habitants de Mayotte. L’un de ses premiers défis sera de gérer la rentrée scolaire dans cet archipel dévasté par le cyclone Chido. Emmanuel Macron a reconnu que toutes les écoles ne pourraient rouvrir comme prévu le 13 janvier et évoqué le transfert d’élèves vers d’autres territoires, notamment La Réunion, sans en détailler les modalités.
Enseignement supérieur en tension
Lors de la passation de pouvoir avec Patrick Hetzel, le nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a souligné que « de nombreux établissements sont dans une situation budgétaire tendue ».
« Il faudra faire des choix et établir des priorités dans chaque établissement », a-t-il prévenu, alors que syndicats, organisations étudiantes et présidents d’universités ont alerté sur le sous-financement des universités.
Face à ces défis, les attentes envers Élisabeth Borne et Philippe Baptiste sont considérables, dans un contexte où la communauté éducative réclame des actions concrètes pour répondre aux crises multiples.
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