Un jeu de dupes ou une ultime manœuvre ? L’annonce surprise du Premier ministre François Bayrou de convoquer le Parlement pour un vote de confiance le 8 septembre a pris de court la classe politique. Pour certains, il s’agit d’un coup de génie ; pour d’autres, d’un geste désespéré.
Dans le scénario optimiste, si le vote de confiance était adopté, François Bayrou pourrait ensuite s’appuyer sur le 49.3 pour imposer son budget 2026, sans passer par le vote parlementaire. Mais cette hypothèse reste hautement improbable. « Cette manœuvre très risquée a très peu de chances d’aboutir », estiment de nombreux observateurs politiques, surpris par cette décision.
À l’inverse, certains y voient un baroud d’honneur : une manière de précipiter sa sortie en obtenant un rejet de sa politique économique, plutôt qu’une démission pure et simple. Une stratégie qui lui permettrait de se décharger de toute responsabilité sur les choix économiques à venir. Car depuis la dissolution de juin 2024, l’Assemblée nationale est sans majorité, rendant l’adoption du budget 2026 quasiment impossible.
Mais pourquoi une telle défiance dans l’opinion ? « Plus personne ne croit en une crise économique majeure. Ça fait des décennies que les politiques nous disent que c’est la crise et que l’on est en faillite… au final on y arrive ! Pourquoi croire aujourd’hui les mêmes prédictions alarmistes ? », confie un observateur.
François Bayrou pensait pouvoir négocier avec le Rassemblement National pour éviter une motion de censure. Mais Marine Le Pen a fermé la porte sans ambiguïté : « elle ne votera pas la confiance ». Reste une option ténue : le Parti socialiste. Celui-ci pourrait saisir l’occasion de se repositionner, après des années d’effacement derrière son alliance avec La France Insoumise. Un soutien qui ne viendrait toutefois qu’au prix de concessions, « au minima sur la question des deux jours fériés », souligne un expert politique interrogé par Le Mémento. Mais la question demeure : le PS soutiendrait-il un Premier ministre aussi impopulaire ?
En l’état, tout laisse penser que les manœuvres de François Bayrou se solderont par un échec. Il pourrait être contraint à la démission, ouvrant la voie à un nouveau casse-tête pour Emmanuel Macron, obligé de nommer encore un autre Premier ministre. Une nouvelle dissolution ? L’option, encore incertaine, gagne en crédibilité à mesure que l’impasse s’installe.
Mais une chose est certaine : cette succession de crises ne fait qu’accroître l’instabilité politique et sape le moral des entrepreneurs, spectateurs d’une situation invraisemblable dont l’origine réside dans un monde politique épris de pouvoir. Les ministres actuels passent davantage leur temps sur les plateaux télévisés pour sauver leur poste que pour sauver les comptes de la nation. Car le véritable problème économique vient des choix politiques, et non des entrepreneurs, contraints de financer par leurs impôts et charges une cacophonie de décisions coûteuses que les responsables publics s’acharnent à justifier.
GGLP
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