Toujours en quête d'un Premier ministre, Emmanuel Macron a lancé mardi un "nouveau cycle de consultations", cette fois en toute discrétion et sans la participation de La France insoumise (LFI) ni du Rassemblement national (RN). Ce second round de discussions, marqué par l'ajout de "personnalités" extérieures, vise à sortir de l'impasse après l'abandon de l'option Lucie Castets, une décision qui a suscité l'indignation à gauche.
Ni la composition exacte des participants, ni le calendrier précis de ces nouvelles tractations n'ont été révélés par l'Élysée, à l'exception de la venue mardi à midi des représentants du groupe centriste Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires), premiers à être reçus. Contrairement aux rencontres de vendredi et lundi, ces nouveaux entretiens se déroulent loin des caméras.
Les représentants des Républicains (LR), notamment les députés Laurent Wauquiez et Annie Genevard ainsi que le sénateur Bruno Retailleau, seront reçus mercredi, a confirmé Mme Genevard.
La présidence n'a pas donné de détails sur les "personnalités se distinguant par l'expérience du service de l'État et de la République" qu'Emmanuel Macron souhaite rencontrer. Selon François Bayrou, président du MoDem, "Il y a des personnes qui ont exercé la fonction de président de la République", d'autres qui ont occupé "des fonctions de gouvernement importantes", ou encore "qui ont incarné des courants et des sensibilités politiques". Bayrou a souligné sur franceinfo qu'"à tous ceux-là il faut parler".
Cependant, ni l'extrême droite ni la gauche radicale ne sont incluses dans ces consultations. Le RN, par la voix de son vice-président Sébastien Chenu, a de nouveau accusé M. Macron d'avoir "semé le chaos". De son côté, LFI, souvent décrite comme un épouvantail par ses adversaires, a anticipé le refus de toute invitation, tout comme ses alliés du Nouveau Front populaire (NFP) : les socialistes, les écologistes et les communistes.
La gauche est en colère : au nom de la "stabilité institutionnelle", Emmanuel Macron a écarté l'idée d'un gouvernement dirigé par la candidate du NFP, Lucie Castets, affirmant qu'il serait "immédiatement censuré" à l'Assemblée nationale. Lucie Castets, intervenant sur France Inter, a dénoncé cette attitude tout en restant "disponible pour discuter de nouveau s'il s'agit des modalités d'une cohabitation".
Les réactions de ses soutiens ont été plus virulentes. Olivier Faure, leader du parti socialiste, a rejeté toute complicité avec ce qu'il qualifie de "parodie de démocratie" sur France 2, refusant de jouer "les supplétifs d'une macronie finissante". Marine Tondelier, cheffe des écologistes, a qualifié ce processus de "simulacre de consultation avec un président qui de toute façon n'écoute pas" sur franceinfo.
Le Nouveau Front populaire reste soudé, malgré l'appel d'Emmanuel Macron à "coopérer avec les autres forces politiques". "Nous allons nous battre", a affirmé le leader communiste Fabien Roussel sur le réseau social X. Une première manifestation, prévue pour le 7 septembre à l'initiative d'organisations étudiantes, est en préparation, avec la participation annoncée de LFI.
Jean-Luc Mélenchon, chef de file de LFI, a également appelé à une "réplique populaire et politique rapide et ferme" et a annoncé que son mouvement mettrait à exécution sa menace de tenter de destituer le chef de l'État.
Le camp présidentiel, quant à lui, espère rallier les socialistes. Gérald Darmanin les a appelés à faire preuve de "responsabilité" pour construire une "coalition large", assurant sur BFMTV et RMC que les macronistes "pourraient se mettre d'accord sur un minimum" avec les socialistes pour "permettre à la France de fonctionner". Le ministre de l'Intérieur démissionnaire, toujours membre du gouvernement Attal, qui expédie les affaires courantes depuis 42 jours, a insisté sur l'importance de l'unité "quand l'essentiel est en jeu".
À droite, Laurent Wauquiez refuse toute coalition, que ce soit au gouvernement ou au Parlement. Cependant, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, a déclaré sur RTL que son parti doit "voter ce qui va dans le bon sens" pour éviter de "laisser la France aller dans le mur".
Le casse-tête politique auquel fait face Emmanuel Macron reste pour l'instant insoluble. Le président doit choisir rapidement, car un budget doit être présenté le 1er octobre à l'Assemblée. À court terme, il doit ouvrir mercredi soir les Jeux paralympiques avant de partir jeudi après-midi pour une visite en Serbie.
Jérémy Marot
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