Dans un courrier adressé le 20 mai 2025 au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, le député Philippe Naillet tire la sonnette d’alarme sur la situation préoccupante du narcotrafic à La Réunion. Il y décrit une hausse inquiétante des saisies de drogues, un manque criant de moyens humains et matériels, ainsi que l’absence de certaines unités essentielles pour faire face à l’ampleur du phénomène.
Le député de la première circonscription de La Réunion souligne que les saisies de stupéfiants sont en forte augmentation : « 16 kilos de cocaïne saisis en 2022, 30 kilos en 2023 et 50 kilos en 2024 ; 300 kilos de résine de cannabis en 2023, 500 en 2024 ; 76 000 cachets d’ecstasy en 2023, 172 000 en 2024 ». Ces chiffres ne représenteraient qu’une fraction du trafic réel, estimé à dix fois plus.
Face à cette situation, les effectifs actuels apparaissent très insuffisants : 206 agents pour toute la direction régionale des douanes, dont seulement 60 dédiés aux contrôles. À l’aéroport de Gillot, « deux ou trois agents seulement sont affectés aux contrôles sur des vols de 1 200 à 1 400 passagers », précise-t-il. La situation au port maritime est tout aussi préoccupante, les contrôles sur les conteneurs y étant quasiment absents.
Philippe Naillet appelle à renforcer les effectifs de maîtres-chiens et de douaniers piétons, en vue notamment du déploiement d’un camion scanner prévu pour septembre. Il évoque également les difficultés rencontrées par le centre de dédouanement postal, confronté à une hausse des saisies dans les colis sans moyens suffisants pour y répondre. Il déplore enfin que, contrairement à d’autres territoires ultramarins, La Réunion ne dispose pas de brigade garde-côte.
Tout en saluant l’adoption récente par le Parlement d’une proposition de loi relative à la lutte contre le narcotrafic, le député insiste : « les moyens doivent suivre sur le terrain, sans quoi elle demeurera au stade d’incantation. » Il plaide pour la création à La Réunion d’une unité territoriale de l’Office National Anti-Fraude (ONAF), comme celle existante à Fort-de-France.
Concluant sur sa disponibilité à échanger avec le ministre sur ce dossier, Philippe Naillet appelle à une réaction rapide de l’État pour enrayer une spirale dont les effets sont déjà visibles : délinquance accrue, santé publique menacée et déstabilisation économique par l’afflux d’argent sale.
memento.fr // TLP
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