Alors que La Réunion s’impose comme une destination phare pour l’observation des cétacés, la réglementation entourant cette activité évolue. Un projet d'arrêté préfectoral, co-porté par la Direction de la mer Sud océan Indien (DMSOI) et la DEAL, vise à renforcer l’encadrement des pratiques afin de préserver les mammifères marins tout en structurant une filière économique durable.
Depuis l’apparition massive des baleines à bosse dans les eaux réunionnaises en 2008, le whale watching s’est développé de manière exponentielle. "De 2 opérateurs en 2003, on est passé à près de 60 structures commerciales en 2023", selon la note de présentation du projet d’arrêté. Cette forte croissance, conjuguée à une demande soutenue, a généré une pression accrue sur les cétacés, entraînant "des comportements d’évitement, une hausse des collisions et parfois des signes d’agressivité chez les baleines".
Face à ces dérives, les services de l’État ont engagé dès fin 2024 un processus de co-construction avec les parties prenantes – associations, professionnels du tourisme, scientifiques – pour renforcer la réglementation en vigueur (l’arrêté préfectoral de 2021). Cette nouvelle mouture prévoit notamment :
L’objectif affiché est clair : "améliorer la quiétude des mammifères marins, prévenir les conflits d’usage et structurer une filière cohérente et durable".
De leur côté, les professionnels réunis au sein du SYPRAL (Syndicat des professionnels des activités de loisirs) défendent une pratique qu’ils jugent exemplaire à La Réunion. Dans une note transmise aux autorités, ils rappellent que « la nage avec les cétacés se pratique à La Réunion depuis plus de 20 ans » et qu’aucun accident n’a été à déplorer. Ils insistent sur leur savoir-faire en matière d’observation passive, encadrée par des moniteurs diplômés, et soulignent leur rôle dans la sensibilisation à la biodiversité marine.
Le SYPRAL propose aussi la création d’une gouvernance dédiée et d’un pavillon spécifique pour les structures respectueuses des règles. Il s’oppose à certaines mesures du projet, comme la limitation à cinq personnes par palanquée, qu’il juge pénalisante économiquement, ou l’interdiction de mise à l’eau en cas de mer peu agitée, difficilement applicable.
Plusieurs mesures d'accompagnement sont également évoquées : incitation à la formation OMEGA, création d’un observatoire pour évaluer l’impact réel des activités, développement d’une pédagogie active auprès du public. "Toute activité humaine a un impact. La question est de déranger le moins possible", rappelle le document.
L’ambition est donc double : concilier préservation des espèces et maintien d’un tourisme bleu durable, en s’appuyant sur l’expérience locale, la science et la responsabilité collective.
memento.fr
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