La décision du gouvernement de recentrer le dispositif Pass’Sport sur les seuls jeunes âgés de 14 à 17 ans suscite une levée de boucliers à La Réunion. À la suppression de l’aide pour les enfants de 6 à 13 ans s’ajoute une baisse de l’enveloppe nationale, passée de 100 à 60 millions d’euros. Une mesure jugée injuste, incohérente et préjudiciable pour les jeunes ultramarins.
"La réduction du Pass’Sport constitue une atteinte directe à l’égalité d’accès au sport", dénonce la députée Audrey Bélim. Elle rappelle que La Réunion affiche un taux de pauvreté de 36 % et que "25 % des collégiens en classe de 6e sont en surcharge pondérale". Dans un territoire aussi touché par la précarité et les enjeux de santé publique, "cette décision est inacceptable".
Selon elle, l’exclusion des plus jeunes aura des conséquences graves : aggravation de la sédentarité et des troubles de santé, fragilisation des clubs sportifs locaux, affaiblissement de la cohésion sociale. Elle s’inquiète également du signal envoyé à l’issue des Jeux Olympiques : "Quand le sport aurait dû être consolidé comme outil d’émancipation, de santé publique et d’égalité des chances", cette réduction budgétaire va à contre-courant.
Audrey Bélim appelle à la réintégration immédiate des 6-13 ans dans le dispositif, au maintien de l’enveloppe à 100 millions d’euros, et à une politique publique renforcée pour les territoires ultramarins.
Même ton d’alerte du côté de la maire de Saint-Denis, Éricka Bareigts, qui a publié un communiqué au nom du Conseil municipal : "Exclure les 6-13 ans, c’est priver des enfants souvent issus de familles modestes d’un accès essentiel à la pratique sportive." Elle insiste sur l’importance du sport dans la construction de soi, dès le plus jeune âge : "Entre 6 et 13 ans, on se construit."
Dans une île où la population jeune est nombreuse et les inégalités sociales marquées, le Pass’Sport représentait un outil clé pour encourager la pratique sportive. "Aucun enfant ne doit être exclu du sport pour des raisons budgétaires", conclut la maire, appelant à une mobilisation collective "pour garantir un accès réel et équitable à la pratique sportive".
À quelques mois du bilan des JO de Paris, la réforme du Pass’Sport fait l’effet d’un contre-signal politique. Entre inquiétude pour la jeunesse et colère contre un désengagement jugé brutal, les voix se multiplient pour exiger un retour en arrière.
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