L’Union des Entreprises (UDE) de Guadeloupe tire la sonnette d’alarme face au projet de réforme gouvernemental prévu dans la loi de finances 2026, qui prévoit de réduire les dispositifs spécifiques de soutien aux entreprises ultramarines. Deux mécanismes sont particulièrement visés : la LODEOM sociale et le régime d’aide à l’investissement productif outre-mer.
Ces dispositifs, conçus pour compenser « l’exiguïté des marchés locaux, la dépendance aux importations, et l’isolement des chaînes de valeur », permettent aux entreprises ultramarines de rester compétitives malgré les surcoûts structurels liés à l’insularité. Leur remise en cause constituerait, selon l’UDE, une menace directe pour l’emploi et la vitalité économique du territoire.
La réforme prévoit notamment une « baisse de 11 points du taux d’intensité qui passe de 35 % à 24 % de la base éligible » ainsi qu’un « plafonnement des investissements hôteliers ». L’ensemble du rabot représenterait environ 800 millions d’euros d’économies annuelles pour l’État, mais des pertes considérables pour les entreprises locales.
L’organisation patronale estime que la LODEOM sociale, qui permet une réduction des cotisations patronales, est « notre bouclier » face aux contraintes économiques locales. La suppression ou la réduction de ce dispositif aurait des conséquences immédiates : « Coûts supplémentaires pour les entreprises dès le 15 février 2026 ». Les simulations présentées illustrent l’impact potentiel : un commerçant employant quatre salariés à 1,3 SMIC supporterait 25 000 euros de charges supplémentaires, un maçon employant deux salariés verrait ses coûts augmenter de 12 000 euros, tandis qu’un restaurant de dix salariés à 1,6 SMIC subirait une hausse de 66 000 euros.
Selon l’UDE, ces mesures entraîneraient une « augmentation du coût du travail », un « gel des salaires », des « licenciements et une baisse des embauches », ainsi qu’un « risque de fermetures d’entreprises » et une « hausse des prix ». Le secteur du tourisme, déjà fragilisé, serait particulièrement touché, subissant une « double peine ».
Pour le volet investissement, les projections mettent en évidence une diminution des capacités financières des entreprises. Une entreprise industrielle devrait, par exemple, augmenter son apport en fonds propres de 110 000 euros pour maintenir un projet équivalent, et jusqu’à 3,7 millions d’euros dans le cas d’un projet hôtelier. « Une telle contrainte serait insoutenable pour la majorité du tissu économique ultramarin : en Guadeloupe, 85 % de nos entreprises sont des TPE et PME, dont les capacités d’autofinancement sont structurellement limitées. »
Ces évolutions, souligne encore le document, « traduisent une méconnaissance profonde du terrain et un risque de désalignement entre la logique budgétaire et la réalité économique ultramarine ». L’UDE considère que ces dispositifs ne relèvent pas de privilèges, mais de « leviers essentiels de développement économique et social, adaptés à nos réalités insulaires : l’éloignement, la petite taille des marchés, les surcoûts logistiques et énergétiques ».
Face à ces menaces, le message est clair : « Préserver nos leviers de développement, c’est préserver l’avenir de nos territoires. » L’UDE appelle à maintenir les régimes existants afin de « soutenir la production, l’investissement et l’emploi dans des territoires qui en ont plus que jamais besoin pour bâtir une économie robuste ».
L’organisation conclut en invitant les acteurs économiques et politiques à se mobiliser pour « sauver notre tissu économique local et rester décideurs de notre avenir économique et social ».
memento.fr


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