La Réserve Cousteau sur le fil du rasoir

Les îlets Pigeon, en Guadeloupe, réputés pour leurs eaux poissonneuses et leurs coraux multicolores, attirent des milliers de visiteurs chaque année. Mais le dérèglement climatique, la surfréquentation et les pollutions venues de la terre mettent en danger ce fragile écosystème, pourtant protégé.

Depuis la plage de Malendure qui étale son sable volcanique sur le littoral de Bouillante, commune de l’ouest de la Guadeloupe, département d’outre-mer français, les visites touristiques s’enchaînent sur les îlets Pigeon, aussi connus sous le nom de "Réserve Cousteau", du nom du célèbre explorateur océanographique français.

Kayaks, bateaux à fond de verre, de plongée, dans un incessant ballet de va-et-vient emmènent touristes, plongeurs et "snorkelers" sur ce site réputé, où un simple masque et quelques brasses depuis la plage permettent de nager aux côtés de tortues vertes. "C’est le site le plus plongé de France : il accueille plus de visiteurs que certains spots de la Mer Rouge", selon Thibaut Glasser, chef du pôle marin au Parc national de la Guadeloupe.

– "Inquiétude" –

L’attrait exercé par le lieu s’explique aisément. Les deux rochers émergés des îlets hébergent, sous l’eau comme sur terre, des dizaines d’espèces dont certaines n’existent que là, comme le scorpion dit "Cousteau", uniquement présent sur les îlets Pigeon. Malgré leur positionnement en "cœur de parc", censé renforcer la protection de la zone naturelle, les îlets subissent de plein fouet la menace permanente des pressions anthropiques.

"Quand j’étais enfant, on voyait des raies, des étoiles de mer, des tortues venaient pondre", raconte Malika Jolo, Guadeloupéenne, désormais employée d’un club de plongée sur la plage. "Aujourd’hui, on voit moins de choses, et les clients constatent que le spot perd de sa valeur", regrette-t-elle, confiant une "inquiétude" sur la pérennité des activités de plage.
Alors ceux qui y travaillent redoublent d’actions de sensibilisation : interdiction de la crème solaire pour éviter la pollution, interdiction de toucher, de prélever, d’abîmer. Certains ont même choisi de réduire leur nombre de sorties quotidiennes.

"Nous avons conventionné avec les clubs pour limiter les plongées entre 80 et 100.000 par an", indique Ferdy Louisy, président du Parc national de la Guadeloupe, à propos des îlets Pigeon. "Nous pouvons développer, à côté des stations balnéaires, un autre tourisme très demandé", rappelle Nathalie Delattre, ministre du Tourisme en visite sur les lieux samedi. Un tourisme "durable" structuré autour "d’une zone durable, verte" et de "sentiers de randonnées", afin notamment de gérer les flux de touristes dans l’archipel.

– "Activité maîtrisée" –

À Malendure, la technique de la diversion a déjà été expérimentée. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, des bateaux réformés ont été coulés pour servir de récifs artificiels et désengorger les îlets.

Des mouillages écologiques ont aussi été installés pour éviter le raclement des ancres des bateaux de plaisance. Peine perdue : ils s’amarrent toujours plus nombreux dans les baies de la commune. "Certains rejettent aussi leurs eaux grises", fustige Thierry Abelli, le maire de Bouillante. "Les suivis scientifiques ont toutefois montré que les deux premières causes de la perte du milieu, c’est l’augmentation de la température de l’eau et de dégradation de la qualité des eaux", rappelle Thibaut Glasser, pointant les rejets dans le milieu naturel des eaux usées de la zone à l’assainissement défectueux.

"Il faut une activité maîtrisée, alors il y aura forcément des restrictions à mettre en place. À un moment ou un autre, il faudra qu’on adapte notre activité", admet Stéphanie Duboc, directrice d’un club de plongée qui participe avec le parc et la municipalité à l’élaboration d’un plan de gestion des îlets Pigeon. Restera la question de la plage communale de Malendure, prisée des familles et des touristes, mais qui s’érode, inexorablement, une fatalité désormais presque acceptée. "On ne peut qu’observer et subir, en espérant que ça disparaîtra le plus tard possible", note, résigné, Thierry Abelli.


0 COMMENTAIRE(S)

Aucun commentaire pour le moment








ACHETER
un exemplaire
version papier ou PDF
Dernières infos en ligne

24.09.2025 | Maurice

Une nouvelle extension pour un campus universitaire à Maurice



Lire
commentaires Réagir
24.09.2025 | Maurice

Yousouf Joomun sacré au DaVinci Gourmet Mixology Championship 2025



Lire
commentaires Réagir
24.09.2025 | Maurice

Des lycéens mauriciens récompensés pour leur projet innovant sur la qualité de l'air



Lire
commentaires Réagir
23.09.2025 | Maurice

Recyclage : transformer l'huile alimentaire usagée en ressource à Maurice



Lire
commentaires Réagir
20.09.2025 | Guyane

Guyane : un conseiller municipal de Kourou en détention provisoire pour assassinat



Lire
commentaires Réagir
12.09.2025 | Réunion

Citroën dévoile son nouveau C3 Aircross à La Réunion



Lire
commentaires Réagir
12.09.2025 | Réunion

Ford dévoile à La Réunion son Puma Gen-E, un SUV 100 % électrique



Lire
commentaires Réagir
05.09.2025 | Nouvelle Calédonie

Nouvelle-Calédonie Tourisme lance un site B2B dédié aux professionnels



Lire
commentaires Réagir
31.08.2025 | Maurice

Groupe Currimjee : Dhiren Ponnusamy nommé Directeur Général Désigné à compter de janvier 2026



Lire
commentaires Réagir
30.08.2025 | Réunion

Le CTICS lance la construction d'un laboratoire d'analyse de canne à sucre au Gol



Lire
commentaires Réagir
30.08.2025 | Océan Indien

Pêche à la légine australe : huit candidats retenus pour la période 2025-2028



Lire
commentaires Réagir
29.08.2025 | Océan Indien

Vers un Centre régional pour pérenniser la surveillance des pêches



Lire
commentaires Réagir
29.08.2025 | Océan Indien

Mort suspecte d'une Française aux Seychelles : un juge enquête sur les causes de la mort



Lire
commentaires Réagir
28.08.2025 | Réunion

La Fondation pour le Logement appelle les maires à expérimenter l'encadrement des loyers à La Réunion



Lire
commentaires Réagir
28.08.2025 | Réunion

La chambre régionale des comptes évalue la politique de gestion des déchets à La Réunion



Lire
commentaires Réagir