Devant la "probabilité élevée" d’une épidémie de chikungunya à Mayotte, susceptible de saturer un système de santé fragilisé, une campagne de vaccination va être organisée pour certains adultes à risque, selon un arrêté du ministère de la Santé publié mercredi au Journal officiel. Cette campagne sera ciblée sur les personnes âgées de 18 à 64 ans présentant au moins une comorbidité, est-il précisé dans cet arrêté signé par Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins.
La vaccination avec le seul produit autorisé pour l’instant, Ixchiq (Valneva), déjà déployée à La Réunion pour lutter contre une épidémie majeure de chikungunya, est restreinte depuis fin avril aux 18-64 ans avec des comorbidités, après plusieurs effets secondaires graves signalés chez des plus de 65 ans. Pour "faciliter l’accès de la population à la vaccination" à Mayotte, cette campagne pourra se tenir dans les lieux désignés par le directeur général de l’agence régionale de santé, les lieux d’exercice habituels des professionnels de santé et les pharmacies d’officine, en permettant aux pharmaciens formés d’administrer les vaccins.
Deux raisons sont avancées pour cette campagne de vaccination à Mayotte. "La détection de cas autochtones de chikungunya à Mayotte depuis mars 2025 dans un contexte d’épidémie à La Réunion et d’une augmentation du nombre de cas détectés sur le territoire entraîne une probabilité élevée de développement d’une épidémie de chikungunya", souligne l’arrêté, évoquant "la faible proportion de la population immunisée" et de "multiples facteurs favorisant la prolifération des moustiques vecteurs de la maladie, dans un environnement post-cyclonique".
Et "cette situation est de nature à saturer dans les prochaines semaines et mois le système de santé de Mayotte déjà fragilisé à la suite du passage du cyclone Chido, et fragiliser la réponse aux besoins en santé de la population dans les prochaines semaines", ajoute-t-il.
Le nombre de nouveaux cas de chikungunya a doublé en une semaine à Mayotte, a indiqué vendredi dernier Santé publique France, prévenant que la situation épidémiologique réelle pourrait être "significativement sous-évaluée". Face à la prédominance de cas autochtones, signe que le virus circule davantage sur l’archipel, le plan Orsec a été élevé il y a deux semaines au niveau 2B.
Mayotte a déjà subi plusieurs crises de santé publique en 2024, dont une épidémie de choléra, puis les conséquences du passage du cyclone Chido. Et la population du département, le plus pauvre de France, est souvent en mauvaise santé, avec des "comorbidités à des stades avancés en nombre important", selon Santé publique France.
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