Un collectif d’associations et d’ONG, parmi lesquelles UNICEF France, Secours Catholique, Human Rights Watch et Solidarités International, a réagi vivement à l’adoption, le 1er juillet 2025, par l’Assemblée nationale, d’un projet de loi présenté comme une refondation pour Mayotte. Selon ces organisations, le texte est largement déconnecté des réalités locales et des besoins fondamentaux des habitants.
Alors que l’île fait face à une pauvreté chronique, à des services publics en déliquescence et aux conséquences toujours visibles du cyclone Chido, le projet de loi privilégie, selon les signataires, une logique sécuritaire. Il met en priorité la lutte contre l’immigration irrégulière et l’habitat informel, sans prévoir de solutions concrètes de relogement ni de réponses adaptées aux enjeux sanitaires, éducatifs ou sociaux.
Parmi les mesures controversées figure notamment le rétablissement de l’enfermement des enfants en centre de rétention, pourtant voué à disparaître à partir de 2027. Les associations dénoncent également l’instauration d’une nouvelle discrimination liée au Passeport pour la mobilité des études, désormais réservé aux seuls élèves de nationalité française, ainsi que le report de la convergence des droits sociaux à l’horizon 2031.
Les inégalités de traitement sont également soulignées : absence d’accès à l’Aide médicale d’État, au Droit au logement opposable ou encore au relogement inconditionnel pour les personnes dont l’habitation est détruite. Pour les signataires, « le texte fait l’impasse sur les causes structurelles des crises sociales, sanitaires et éducatives » dans un département où près de la moitié de la population est âgée de moins de 18 ans, et où environ 9 500 enfants n'ont pas accès à l'école.
Face à ce qu’elles estiment être une stratégie inefficace et dangereuse pour la cohésion sociale, les associations appellent à une refondation véritable, portée par une vision de développement inclusive et respectueuse des droits fondamentaux. Elles réclament notamment la fin définitive de la rétention des enfants, l’accès universel aux services publics, un plan ambitieux de logement et un accompagnement vers l'accès aux droits pour toutes les familles.
Les associations signataires se disent prêtes à contribuer activement à une reconstruction de Mayotte qui prenne réellement en compte les besoins de sa population.
memento.fr
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