A Mata’Utu, la capitale de Wallis-et-Futuna, les habitants regardent d’un oeil curieux et bienveillant le déploiement, pour la première fois sur leur archipel, de milliers de militaires internationaux venus s’entraîner à intervenir en cas de catastrophe naturelle dans la région Pacifique Sud.
“Ici, quand il y a un cyclone, on doit se débrouiller tout seuls. On a donc tout à apprendre d’eux”, dit Kathy Tavili Tomu.
La quinquagénaire n’a pas oublié le passage dévastateur d’Evan en 2012, qui avait arraché le toit de sa maison. “Le plafond s’est effondré et est tombé sur mon fils et son bébé”, raconte-t-elle.
Alors, au fale fono, la salle communautaire de son village, Kathy et les autres femmes ont organisé un tauasu (cérémonie du kava, une boisson relaxante consommée dans les grandes occasions) pour “faire connaissance” et “remercier” les militaires de passage.
Dans une région particulièrement exposée aux catastrophes naturelles (cyclones, tremblements de terre, vagues de submersion…), l’exercice “Croix du Sud” met en scène tous les deux ans un scénario catastrophe au cours duquel les armées d’une vingtaine de pays testent leur capacité à travailler ensemble pour venir en aide aux populations.
3.000 soldats
Pour la première fois depuis sa création en 2002, l’exercice a été délocalisé de la Nouvelle-Calédonie vers Wallis-et-Futuna, un événement pour l’archipel de 11.000 habitants.
Moins d’un an après les émeutes en Nouvelle-Calédonie, il était difficile d’imaginer y mener de grandes manoeuvres impliquant 3.000 soldats internationaux.
“Mais délocaliser l’exercice à Wallis-et-Futuna était déjà un scénario envisagé avant les émeutes”, assure le colonel français Walter Riccardi, qui coordonne “Croix du Sud”.
Situé à 1.800 kilomètres de Nouméa, l’archipel ne dispose d’aucune infrastructure militaire. Seul un régiment d’infanterie de marine y effectue deux missions par an, tandis que des navires sont ponctuellement envoyés en mission de surveillance de la zone économique exclusive.
Des moyens très éloignés de ceux déployés en Nouvelle-Calédonie, où les forces armées comptent 1.650 militaires d’active et 300 réservistes, plusieurs navires, avions et hélicoptères.
Plus petit et situé à un emplacement moins stratégique, Wallis-et-Futuna reste éloigné des grandes manoeuvres qui fragilisent le Pacifique, sur fond de rivalité entre la Chine et les Etats-Unis.
“Changement climatique”
L’édition 2025 de l’exercice “Croix du Sud”, vitrine de la stratégie indo-pacifique française, s’est officiellement achevée samedi sur le sol calédonien, par une cérémonie de clôture sur la place des Cocotiers, au coeur de la capitale, Nouméa.
Le ministre français des Outre-mer Manuel Valls y a participé en marge de son déplacement pour une nouvelle série de discussions sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.
Il doit s’entretenir dimanche à Nouméa avec les ambassadeurs de France de six pays de la région (Australie, Fidji, Nouvelle-Zélande, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Samoa, Vanuatu), ainsi qu’avec l’ambassadrice pour le Pacifique.
“A travers la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et Wallis-et-Futuna, la voix de la France résonne dans tout le Pacifique. Une voix qui porte nos valeurs universelles face au changement climatique”, avait écrit Manuel Valls dans une tribune publiée il y a deux mois dans plusieurs journaux régionaux.
Alors que le changement climatique pourrait amplifier les crises dans les années à venir, les grandes nations de la région (Etats-Unis, France, Australie, Nouvelle-Zélande…) ont fait de l’assistance humanitaire post-catastrophe une carte maîtresse de leur diplomatie militaire dans le Pacifique Sud.
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