Environ 6 500 personnes, selon les forces de l’ordre, ont défilé samedi dans les rues de Papeete pour dénoncer la consommation de méthamphétamine, appelée localement « ice », qui touche la Polynésie française depuis plus de vingt ans.
La marche, initiée par la Fédération citoyenne polynésienne de lutte contre les drogues et la toxicomanie, a réuni des associations, des représentants religieux, des anonymes ainsi que quelques élus. « On souhaite que la population prenne conscience de l’ampleur de ce fléau et alerter les autorités. Le problème de l’ice a plus de 20 ans. À l’époque, on n’a rien fait et aujourd’hui, on voit le résultat », a déclaré la présidente de la Fédération, Kathy Gaudot.
Très addictive, la méthamphétamine est réputée pour stimuler la concentration, retarder le sommeil ou encore accroître les performances sexuelles. Mais ses effets sur la santé physique et mentale sont particulièrement destructeurs. « Je suis appelé tous les jours par des familles confrontées à l’addiction d’un proche », témoigne Charles Renvoyé, membre actif de la Fédération et ancien consommateur. Il évoque « des familles qui souffrent », en soulignant l’ampleur du phénomène : « Notre belle Polynésie est gangrénée. »
Pour Kathy Gaudot, la situation exige des réponses rapides. Elle plaide pour un renforcement des moyens alloués à la surveillance maritime et aux services douaniers, mais aussi pour la création d’un centre de désintoxication, jugé prioritaire. Selon elle, près de 30 000 personnes seraient concernées en Polynésie, qui compte environ 280 000 habitants. « De ce que l’on voit sur le terrain, on est même au-delà », estime-t-elle.
Un chiffre que la procureure de la République à Papeete, Solène Belaouar, ne confirme pas. « Je n’ai aucun indicateur permettant de valider cette estimation. Mais la consommation d’ice figure en toile de fond de nombreuses affaires pénales », précise-t-elle.
Depuis le début de l’année, 265 kilos de méthamphétamine ont été saisis en Polynésie, dont 181 lors de l’interception d’un voilier dans l’archipel des Marquises en juillet. La drogue n’était cependant pas destinée au marché local, selon la magistrate.
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