Le nouveau homme fort de Madagascar, le colonel Michael Randrianirina, souhaite que le président déchu Andry Rajoelina, contraint à la fuite en octobre, soit jugé à Madagascar, dans un entretien accordé vendredi à la chaîne France 24. Le colonel Randrianirina, 51 ans, a été investi "Président de la Refondation" le 17 octobre, quelques jours après le ralliement de son unité, le CPASAT, au mouvement de contestation populaire entamé un mois auparavant. Le président Andry Rajoelina et son entourage avaient fui la Grande Ile avec l'aide de la France.
Randrianirina avait déclaré le 14 octobre devant le palais présidentiel : "On va prendre le pouvoir à partir d'aujourd'hui". Il réfute toutefois avoir perpétré un coup d’État, expliquant que son accession à la tête du pays a finalement été encadrée par la Haute cour constitutionnelle qui lui a "transféré le pouvoir". Interrogé sur l’ex-président Rajoelina, actuellement à l’étranger, il a émis le souhait que celui-ci soit jugé à Madagascar.
"Notre souhait, c’est de le juger à Madagascar (…) Tout ce qui s’est passé à Madagascar (découle) des initiatives du président, des ordres du président, même les blessures par balle. Ce sont des crimes qui pourraient faire l’objet de jugement et c’est tout à fait légitime pour les Malgaches de réclamer leurs droits", a-t-il estimé, en référence à la répression des manifestations. Il s’est également prononcé pour des poursuites à Madagascar de l’influent homme d’affaires Maminiaina "Mamy" Ravatomanga, proche de l’ex-président, et soupçonné de blanchiment d’argent par la justice de l’île Maurice où il s’est réfugié.
Sur ses relations avec la France, le colonel Randrianirina a rappelé que de nombreux Malgaches avaient été "indignés" par l’exfiltration de l’ex-président avec l’aide de Paris. Mais, a-t-il ajouté, le départ précipité d’Andry Rajoelina a "facilité le redressement de la situation". Évoquant une récente conversation téléphonique avec le président français Emmanuel Macron, il a indiqué avoir "accepté les aides" de la France, avant de préciser : "Nous sommes prêts à collaborer avec d’autres pays".
Interrogé sur le récent déplacement à Moscou du président de l’Assemblée nationale, le chef de l’État malgache s’est dit "ouvert à tout type de collaboration", ajoutant qu’aucune rencontre avec le président Vladimir Poutine n’était prévue à ce stade. Le colonel Randrianirina a récemment fixé les grandes étapes de la "refondation" : organisation d’une "concertation nationale", référendum constitutionnel et élection présidentielle, le tout d’ici deux ans. "Là, je travaille. Je ne pense pas à être candidat en ce moment", a-t-il déclaré à France 24, qui l’interrogeait sur sa possible candidature.
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