En Nouvelle-Calédonie, le projet d'accord est loin de faire consensus

Décrit comme "historique" par ses signataires et le gouvernement français, le projet d'accord signé à Bougival (Yvelines) entre l'État, des représentants indépendantistes et non indépendantistes est loin de faire consensus en Nouvelle-Calédonie. Signé dans la nuit de vendredi à samedi, le texte prévoit notamment la création d'un "État de la Nouvelle-Calédonie" au sein de la République, une "nationalité calédonienne" et un partage différencié de compétences. Une formulation que certains dans l'archipel jugent porteuse d'ambiguïtés, voire de divisions.

Du côté du patronat, la présidente du Medef calédonien, Mimsy Daly, se montre ainsi prudente. Sans commenter le fond, elle souligne que l'accord "apporte au moins un espoir de paix et de stabilité", conditions nécessaires à une relance économique, explique-t-elle. Elle regrette cependant un volet économique "un peu léger", même si les axes promus par l'organisation patronale – diversification, relance du nickel, maîtrise des dépenses publiques – y sont repris.

- "Ligne rouge" -

Mme Daly se dit "attentive à la capacité réelle de l'État à accompagner financièrement la relance", un peu plus d'un an après les violentes manifestations qui ont fait 14 morts et mis l'économie du Caillou à terre. Le ton est plus sévère encore du côté de Joël Kasarerhou, président du mouvement citoyen Construire autrement.

Il pointe tout d'abord "le problème de la légitimité des gens qui ont signé". Il juge également que l'accord est "mort-né", dénonçant une "mauvaise" réplique des accords précédents, "sans ambition ni vision". M. Kasarerhou regrette aussi que la jeunesse, au cœur de l'insurrection du mois de mai 2024, soit "oubliée ou à peine mentionnée", et critique une "reconduction des ambiguïtés" de l'accord de Nouméa, notamment sur le corps électoral. Il redoute ainsi un "nouveau 13 mai", date du début des émeutes de 2024, si les frustrations ne sont pas traitées.

La fracture est également nette dans les camps politiques. Les signataires du projet d'accord ont d'ailleurs confié samedi soir lors d'une rencontre à l'Élysée avec Emmanuel Macron la difficulté à faire accepter l'accord dans l'archipel. Le projet sera soumis à un référendum dans l'archipel en février 2026.

Dans un post sur les réseaux sociaux, Philippe Blaise, premier vice-président de la province Sud, a ainsi annoncé publiquement se désolidariser des signataires loyalistes, affirmant avoir découvert le contenu de l'accord "comme tous les Calédoniens". M. Blaise dénonce une "ligne rouge franchie" avec la reconnaissance d'un "État calédonien" et d'une "nationalité distincte", qu'il juge incompatibles avec l'unité de la République.

- "Nous effacer" -

Côté indépendantiste, plusieurs voix dénoncent un accord signé sans mandat confié par la base. De nombreuses publications sur les réseaux sociaux de militants indépendantistes fustigent la signature de leurs représentants dans les négociations. C'est notamment le cas de Brenda Wanabo-Ipeze, l'une des responsables de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), incarcérée dans l'Hexagone. Pour elle, "ce texte, il est signé sans nous. Il ne nous engage pas".

"Ouvrir le corps électoral, c'est nous effacer", fustige Mme Wanabo-Ipeze. Sollicitée, Mélanie Atapo, présidente de l'USTKE, union syndicale indépendantiste et membre du FLNKS, s'est elle déclarée "surprise", précisant qu'il était "question de continuer les discussions et de revenir partager avec les bases avant toute signature". Sous couvert d'anonymat, un responsable d'une des composantes du FLNKS parle de "trahison des positions adoptées lors des conventions". Il affirme que les négociateurs indépendantistes ont "cédé sur des points essentiels", notamment l'ouverture du corps électoral, sans validation militante.


0 COMMENTAIRE(S)

Aucun commentaire pour le moment


ACHETER
un exemplaire
version papier ou PDF
Dernières infos en ligne

24.11.2025 | Réunion

La première édition du Festival des Solidarités à La Réunion se tiendra le 29 novembre à l'Hermitage



Lire
commentaires Réagir
24.11.2025 | Réunion

Jean-Yves Morel lance sa campagne pour les municipales de 2026 à Saint-Paul



Lire
commentaires Réagir
24.11.2025 | Réunion

Clap de fin pour la Semaine de l'Excellence Péi à Maurice : quatre chefs réunionnais en lumière



Lire
commentaires Réagir
24.11.2025 | Réunion

Mobilisation persistante contre le projet de carrière de Bois-Blanc à L'Étang-Salé



Lire
commentaires Réagir
23.11.2025 | Réunion

Mafate : une mission de prévention en santé féminine menée par le CHU de La Réunion



Lire
commentaires Réagir
23.11.2025 | Réunion

PARDEGRE organise une soirée mêlant mode, gastronomie et musique au Vieux Pressoir



Lire
commentaires Réagir
23.11.2025 | Maurice

Nextep distingue ses collaborateurs lors de sa cérémonie annuelle de remise de prix



Lire
commentaires Réagir
22.11.2025 | Maurice

World Luxury Awards 2025 : le Constance Belle Mare Plage largement récompensé



Lire
commentaires Réagir
22.11.2025 | Réunion

L'UNAPL Réunion se penche sur l'IA, la formation et le management de la diversité



Lire
commentaires Réagir
21.11.2025 | Maurice

Autosuffisance alimentaire : Agriterra mise sur les oignons hybrides jaunes pour renforcer la production locale



Lire
commentaires Réagir
21.11.2025 | Maurice

Terra Act Summit : le groupe Terra présente sa nouvelle stratégie commune de durabilité



Lire
commentaires Réagir
19.11.2025 | Maurice

Constance Belle Mare Plage accueillera la grande finale du Legends Tour 2025



Lire
commentaires Réagir
19.11.2025 | Maurice

Cap Business Océan Indien réunit les acteurs régionaux autour de l'Adaptation fondée sur les Écosystèmes



Lire
commentaires Réagir
17.11.2025 | Maurice

One T Properties dévoile One T Heaven, un projet résidentiel haut de gamme à Sodnac



Lire
commentaires Réagir
14.11.2025 | Maurice

Aegle Cancer Hospital annonce trois nouveaux partenariats public-privé en Afrique de l'Est



Lire
commentaires Réagir