Confrontée à un taux d'homicides record et une flambée de vols à main armée, la Guyane teste depuis janvier un dispositif d'alerte inédit à destination des professionnels les plus exposés : un bouton connecté permettant d'avertir directement la police en cas d'agression. Relié à un téléphone via une application, ce bouton d'urgence offre une solution rapide et discrète, expliquent les forces de l'ordre. "Pas besoin de composer le 17, ni de parler", résume Christian Nussbaum, le directeur territorial de la police nationale en Guyane, en marge d'une réunion d'information et de distribution à Cayenne.
Lorsque le bouton est pressé, le dispositif transmet une alerte géolocalisée à la police, qui rappelle immédiatement pour vérifier l'urgence. En l'absence de réponse, une patrouille est dépêchée sur place. En phase expérimentale jusqu'en février, 140 de ces dispositifs ont été remis aux professionnels les plus visés, comme les épiciers de quartiers ou les infirmiers libéraux, lors de réunions d'information.
En Guyane, de nombreuses épiceries sont tenues par des commerçants d'origine chinoise. Lors de la distribution à Cayenne, William Wang, président d'une association professionnelle, a estimé que l'atout du dispositif réside dans l'absence d'échanges avec les forces de l'ordre. "Quand on fait le 17, il faut expliquer l'adresse, décrire les faits... Il n'y a pas de barrière de la langue avec ce bouton", a-t-il expliqué.
Pour Ulysse Magny, infirmier libéral, le dispositif répond à un besoin urgent : "Dans notre profession, ce sont surtout les femmes qui sont visées. Il faut faire attention quand on circule tôt le matin ou tard le soir, dans des endroits à risques, quand on descend de la voiture", poursuit-il.
Collectivité française comptant le plus d'homicides par habitant (20,6 pour 100.000 habitants en 2023 contre 1,3 en moyenne en métropole), la Guyane est aussi particulièrement touchée par les vols à main armée. En 2024, 254 vols à main armée ont été recensés à Cayenne (50.000 habitants), selon les chiffres de la police nationale, et la ville de Saint-Laurent-du-Maroni (ouest), frontalière du Suriname, concentre à elle seule 25% de l'ensemble des vols à main armée recensés en zone gendarmerie.
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