À La Réunion, la délicate intégration des élèves mahorais après le cyclone Chido

Plus de 600 élèves mahorais ont rejoint La Réunion pour poursuivre leur scolarité après le cyclone Chido. Sans leurs proches, avec des exigences scolaires différentes, l'intégration n'est pas toujours simple.

À Saint-Pierre, au sud de l'île, le collège Paul-Hermann, niché dans un écrin de verdure, accueille depuis janvier 12 nouveaux élèves. Leralina, Haïrat, Yousna, Roukaya ou Ewen arrivent tous de Mayotte. Après le passage dévastateur du cyclone Chido le 14 décembre à Mayotte, où environ 115 000 élèves sont scolarisés, des parents ont décidé de confier leurs enfants à des proches pour qu'ils y poursuivent leur scolarité.

À la rentrée le 27 janvier, dans le premier degré, sur 221 écoles, 45 ne pouvaient rouvrir "en raison des dommages trop importants", selon le rectorat. Pour le secondaire, quatre établissements sur 33 ont dû rester fermés. "On a quitté Mayotte sur un coup de tête, le 26 janvier", confie Samina Mahamoudou, la mère de Leralina, 15 ans. "Je voulais sauver la scolarité de ma fille, elle passe le brevet cette année".

Samina a confié sa fille et son fils de 11 ans à leur grand-mère, qui vit à La Réunion. "Ça fait un gros manque, la maison est vide sans eux", confie cette responsable du développement touristique, qui multiplie les allers-retours entre les deux territoires. D'autant que son fils a du mal à accepter la séparation. "À chaque fois qu’il m’appelle, il me demande quand il va pouvoir rentrer", soupire-t-elle.

Pour Leralina, le changement d’établissement et de mode de vie n’a pas été évident non plus. "Au départ, j’étais renfermée sur moi-même. Je n’avais pas envie de faire de nouvelles connaissances. Je ne sortais plus, je suis devenue casanière", confie la collégienne. "Aujourd’hui, ça va mieux, ça se passe bien au collège", ajoute-t-elle. Comme Leralina, ils sont 625 à avoir fait une demande d’inscription dans le premier et le second degré après le cyclone, selon le rectorat de La Réunion.

- "Déception" -

Dans l’Hexagone, ils sont plus de 1 300 élèves mahorais à avoir rejoint un nouvel établissement. Au collège Paul-Hermann, Haïrat, 11 ans, a elle aussi eu du mal à se faire à sa nouvelle vie. "Je vis chez ma grande sœur de 21 ans qui fait ses études ici, avec sa fille de un an et ma petite sœur de 8 ans", raconte la jeune fille, en classe de 6e, scolarisée jusque-là à Boueni, dans le sud de Mayotte.

"Mes parents ont choisi de nous envoyer ici parce que les écoles mettaient trop de temps à rouvrir. J’arrive à m’adapter aux cours mais mes notes descendent. À Mayotte, c’était plus facile. Et puis mes amis et ma famille me manquent", confie Haïrat, arrivée le 21 janvier. D’autant que l’accueil n’est pas toujours bienveillant, selon les élèves. "Quand je suis arrivée, on m’a dit de retourner à Mayotte. Je me suis sentie rejetée", confie Roukaya, en classe de 4e.

Pour la cheffe d’établissement, Geneviève Jean-Marie, l’intégration des nouveaux élèves est toutefois "globalement bonne". "Ce sont des élèves qui travaillent bien et qui sont bien entourés", souligne la principale. Mais "beaucoup de jeunes arrivant de Mayotte sont hébergés chez des tierces personnes, avec qui ils n’ont parfois aucun lien de parenté", décrit-elle. "Ce sont souvent des enfants, sans repères, qui commencent à traîner dans les bandes".

Un phénomène qui inquiète le collectif "Stop Délinquance rapatriée à La Réunion", à l’initiative d’une manifestation le 25 janvier contre l’arrivée d’élèves mahorais, responsables, selon eux, de "la hausse de la délinquance sur l’île". Peu après la rentrée scolaire, les deux députés de Mayotte, Estelle Youssouffa et Anchya Bamana, pointaient "le refus" de certaines municipalités réunionnaises de scolariser des Mahorais.

"De nombreux Mahorais nous font de plus en plus part de leur stupéfaction et de leur déception face à l’accueil qu’ils peuvent recevoir à La Réunion où ils se voient refuser l’entrée de leurs enfants à l’école", alertait Anchya Bamana dans un courrier au Premier ministre le 4 février. "Évidemment, la crainte c’est que nos enfants soient victimes de racisme", concède Samina Mahamoudou. "Mais à Mayotte, on vit la peur au ventre, en se demandant toujours s’ils ne vont pas se prendre un caillou au visage ou un coup de couteau à la sortie de l’école".


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