En France, une personne âgée de 18 à 75 ans sur quatre fumait du tabac en 2024 : le tabagisme a recommencé à reculer, renouant avec une tendance interrompue par la crise du Covid-19, mais les inégalités sociales demeurent très marquées, selon Santé publique France.
Alors que le tabac demeure la première cause de mortalité évitable dans le pays - il tue 75.000 personnes par an, ce qui représente 13% des décès - le tabagisme est "en nette baisse par rapport à 2021", se félicite l'agence sanitaire au vu des premiers résultats de son baromètre 2024 publiés mercredi, à l'approche du Mois sans tabac. Cigarettes manufacturées ou à rouler, cigares, cigarillos, chicha: 25% des 18-75 ans ont déclaré fumer l'an dernier en France hexagonale, dont 18% au quotidien. En 2021, ils étaient 32%, soit près d'une personne sur trois, selon cette vaste enquête, qui guide les politiques publiques de lutte contre le tabagisme.
En 2024, la proportion de fumeurs se replie même à 24%, dont 17,4% au quotidien, en incluant les seniors de 76-79 ans et les départements et territoires d'Outre-mer (sauf Mayotte), SpF ayant élargi le périmètre de son enquête. En 2019, le tabagisme quotidien avait déjà connu une baisse d'une ampleur inédite, passant à 24% pour les fumeurs quotidiens, contre 29,4% en 2016. Puis la crise sanitaire, sociale et économique provoquée par la pandémie de Covid-19 avait entraîné une pause, voire fait remonter le tabagisme parmi les catégories populaires.
Ainsi "la tendance à la baisse observée depuis 2016, en lien avec la mise en place de plans nationaux de lutte contre le tabagisme" (paquet neutre, augmentation des prix, remboursement des aides au sevrage, Mois sans tabac...) et "interrompue pendant la période de la pandémie de Covid-19, se réinstalle", salue SpF. Saluant une "excellente nouvelle", le Pr Yves Martinet, président du CNCT (Comité national contre le tabagisme) a appelé dans un communiqué à poursuivre les efforts pour tenir "l'objectif d'une prochaine génération sans tabac".
- Fortes inégalités sociales -
Toutefois, les inégalités sociales en matière de tabagisme demeurent très fortes: les fumeurs quotidiens sont deux fois plus nombreux parmi les ouvriers (25,1%) que chez les cadres (11,8%). En outre, 13% des titulaires d'un diplôme supérieur au bac fument au quotidien, contre 20,9% des non diplômés ou ayant un diplôme inférieur au bac, et jusqu'à 30% des personnes "percevant leur situation financière comme difficile". Ces "fortes inégalités sociales de consommation (...) appellent à renforcer (les) actions" de SpF, a déclaré sa directrice générale Caroline Semaille à la presse.
En 2024, le tabagisme demeure aussi plus masculin que féminin, quelle que soit la tranche d'âge: il concernait 26,8% des hommes de 18 à 79 ans, contre 21,5% des femmes, dont respectivement 19,7% et 15,3% de fumeurs quotidiens. Il y a moins de fumeurs quotidiens chez les jeunes (3% des 15-16 ans et 18,4% des 18/29 ans), une catégorie de la population sensible à l'augmentation du prix des cigarettes (+15% en 2024 pour le paquet le plus vendu). C'est "l'une des mesures les plus efficaces" contre le tabagisme, note SpF. Chez les plus âgés, c'est 5,8% des 75/79 ans.
Au niveau géographique, le tabagisme est moindre en Île-de-France (14,6%) et Auvergne-Rhône-Alpes (16%) et plus élevé dans le Grand Est (19,8%), l'Occitanie (20,6%) et la Provence-Alpes-Côte d'Azur (20,9%). En parallèle, les ventes de tabac (livré aux buralistes) ont baissé de 24% sur la période 2021-2024, tandis que les ventes de produits d'aide au sevrage tabagique en pharmacie ont grimpé de 29%.
Plus d'un fumeur quotidien sur deux (55%) de 18 à 79 ans a déclaré avoir envie d'arrêter de fumer, selon l'enquête dont les données complètes (incluant le vapotage) seront publiées le 3 décembre. Jusqu'ici annuelle, elle aura désormais lieu tous les deux ans. En France, la prévalence du tabagisme chez les plus de 15 ans restait supérieure de trois points à la moyenne européenne, selon l'Eurobaromètre 2023.
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