Catastrophes naturelles: les Antilles françaises en alerte face aux coupes budgétaires américaines

L’inquiétude est de mise dans les services de l’État chargés de détecter les tsunamis et les cyclones aux Antilles françaises : ils sont dépendants du réseau d’alerte américain, menacé par les coupes budgétaires aux États-Unis. 

La Guadeloupe participe jeudi à l’exercice annuel Caribe Wave 2025, simulation grandeur nature d’un séisme suivi d’un tsunami sur la zone caraïbe. L’occasion pour ces territoires, les secours et la société civile, de tester leurs capacités de réaction et d’action. Cette année, le contexte est particulièrement préoccupant. “Dans les Antilles françaises, nous dépendons du Pacific Tsunami Warning Center, qui se situe à Hawaï” et est une organisation américaine, explique Gaël Musquet, hacker “éthique” spécialiste de ces questions. La France dispose bien d’un centre national d’alerte aux tsunamis, le Cenalt, mais celui-ci ne couvre que la surveillance de la Méditerranée occidentale et de l’Atlantique nord-est. Ces centres disposent d’une foule de capteurs, qui diffusent leurs alertes auprès d’organismes comme Météo-France ou l’état-major des Forces armées aux Antilles (FAA). Ceux-ci préviennent ensuite les préfectures qui prennent les décisions d’alerter les populations et d’ordonner les évacuations. “Seuls l’Inde, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Japon et les États-Unis disposent d’un système de détection de tsunamis de type DART”, via un réseau de bouées de détection connu sous le nom de Deep-Ocean Assessment and Reporting of Tsunami, précise Gaël Musquet.

 

Tester FR-Alert

“Nous ne sommes pas à l’abri d’une rupture des capacités de détection des tsunamis”, poursuit ce fervent défenseur d’un investissement national dans des systèmes d’alerte performants. Ce à quoi s’attelle l’exercice Caribe Wave 2025. En Guadeloupe comme à Saint-Martin ou Saint-Barthélemy, il permettra de tester FR-Alert, système d’alerte cellulaire déployé depuis 2022. S’appuyant sur des technologies testées dès les années 1990 à Nice Sophia-Antipolis (sud-est de la France), il permet de prévenir en temps réel tout détenteur d’un téléphone portable. “On doit aussi faire remonter les méthodes déployées par les communes : sirènes, porte-voix, porte-à-porte”, liste une source préfectorale qui s’inquiète du fait que la “cartographie précise” des méthodes d’alerte en cas de tsunamis ne soit pas connue malgré cet exercice annuel. Car la volonté politique et la culture du risque manquent, s’inquiètent les activistes comme Gaël Musquet. En Guadeloupe, seule une commune dispose du label onusien “Tsunami Ready” pour son investissement en la matière. Dans les autres communes, rares sont ceux qui connaissent les itinéraires d’évacuations ou les documents de planification de la gestion des crises. Face à ces fragilités institutionnelles, certains acteurs locaux tentent de développer des solutions autonomes pour renforcer la résilience des territoires.

 

Coopération en berne

C’est le cas de Cédric Coco-Viloin, fondateur du premier makerspace (atelier de fabrication numérique ouvert au public) guadeloupéen, qui développe un réseau alternatif basse-fréquence “autonome et peu énergivore”. “Nous voulons le relier à des capteurs pour transmettre aux utilisateurs des données comme les hauteurs de crues des rivières ou la force des vents”, explique-t-il. Ces réseaux alternatifs, sans prétendre remplacer les organismes étatiques, pourraient en accroître la résilience, notamment en cas d’arrêt de la coopération américaine, une menace qui commence à se faire jour. Alors que la collaboration sur la surveillance de l’océan existait depuis des années, les scientifiques américains ne communiquent plus depuis mi-février avec l’Institut français de recherche sur l’océan (Ifremer), selon France Info. Quant à l’agence américaine chargée des prévisions météorologiques, de l’analyse du climat et de la conservation marine (NOAA), qui chapeaute le Pacific Tsunami Warning Center, elle est devenue une cible privilégiée de l’administration américaine et des centaines de scientifiques et d’experts ont déjà été licenciés. Selon Thierry Jimonet, chef de service Météo-France en Guadeloupe, aucun signe de l’arrêt de la coopération en matière d’alertes météorologiques n’est encore apparu. “Mais on sait que des chefs ont été licenciés, notamment dans les services qui envoyaient les avions de reconnaissance au cœur des ouragans”, confie-t-il.


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